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La Grande Muraille, avec ou sans figurants

Jeudi 9 Novembre

Nous souhaitions decouvrir la partie la moins touristique de la Grande Muraille et en profiter pour faire une randonnee menant d’un village a un autre mais, avec le froid qui s’est abattu sur Pekin ces derniers jours, nous avons peur que les 5 heures de marche dans le vent soient un peu trop eprouvantes. Nous nous rabattons sur une excursion plus facile et choisissons d’aller a Badaling, le point le plus proche de Pekin et donc le plus facile d’acces. Nous nous sommes renseignes hier sur les bus "special touristes" qui s’y rendent mais je crois que nous sommes un peu traumatises par nos demeles avec les transports indonesiens : a l’idee de monter dans un bus reserve aux touristes, aux horaires et au prix fantaisistes, nous sommes deja inquiets ! Nous decouvrons donc avec soulagement le fait qu’un bus de ville se rend egalement a Badaling, nous evitant ce genre de tracas. Bien sur, le trajet est beaucoup plus long puisque nous traversons toutes les banlieues de Pekin, deposant et prenant des gens d’un groupe d’immeubles a l’autre, mais au moins nous ne sommes entoures que de Chinois et avons l’impression de decouvrir un autre visage de Pekin.

Nous finissons par arriver a Badaling et decouvrons vite le gros defaut de ce point d’acces a la muraille, qui nous avait dissuade jusque la de venir ici. Il s’agit de l’endroit le plus touristique, concu pour les groupes et restaure a merveille, mais nous avions sous estime l’inventivite des Chinois en la matiere. La montee jusqu’aux guichets d’entree se fait dans une rue bordee de magasins de souvenirs et restaurants et arrives sur l’esplanade centrale, nous sommes accueillis par le son des tambours et des danses folkloriques "typiques". Nous n’avons pas tout vu : alors que nous contemplons la muraille qui se detache sur le ciel bleu au dessus de nous, nous trouvons qu’il semble y avoir bien du monde. Ce sont en fait des figurants deguises en costumes d’epoque, soldats ou courtisanes, qui executent danses et chants sur la Muraille afin de distraire les touristes. Nous commencons a avoir quelques inquietudes sur la visite qui nous attend ! Heureusement, une fois payee l’entree, nous avons le choix entre deux portions de muraille : l’une au sud plutot deserte et l’autre au nord avec le cirque des figurants et "casquettes rouges" (c’est ainsi que nous avons surnomme les groupes de touristes chinois, generalement affubles d’une casquette identique permettant a leur guide de ne pas les perdre). Nous filons sur la muraille sud, bien contents d’echapper un peu a la foule.

La marche n’est pas de tout repos et, vu que le froid est toujours la, nous ne regrettons pas d’avoir renonce a la longue randonnee. La muraille, bien que parfaitement restauree, n’a pas ce cote trop neuf de certains monuments chinois et reste tres impressionnante. Nous grimpons sur des portions a la pente extremement raide, parfois munie d’escaliers quasi vertigineux et passons de temps a autre de petits fortins munis de meurtrieres. A part quelques vendeurs qui essaient desesperement de nous fourguer leurs souvenirs typiques, tous identiques, l’endroit est plutot calme et on se projette facilement a l’epoque ou cette muraille defendait l’empire chinois. Le plus etonnant est le trace de cette construction : sans aucune autre logique que de suivre les courbes du terrain, la muraille serpente d’une colline a une autre, s’enroulant autour des sommets, faisant des detours de centaines de metres dans les vallees et semblant parfois se croiser elle meme. Cela lui donne un etrange air desordonne et nous imaginons le deploiement enorme de moyens pour construire et entretenir un pareil monstre. La vue sur les collines environnantes plutot desolees avec parfois un pan de muraille se decoupant sur l’horizon est magnifique. Nous alons jusqu’au bout de la partie autorisee, c’est a dire restauree et securisee, et mangeons tranquillement notre pique nique avant d’aller voir la portion nord.

Les figurants qui distrayaient les touristes grimpant au sommet de la muraille sont partis mais les groupes de touristes sont eux toujours la. Nous nous frayons notre chemin dans la foule et sommes meme bloques dans des embouteillages entre touristes montant et descendant a certains passages etroits ou on ne peut se croiser. Quand on s’arrete pour regarder le paysage, c’est encore pire : nous sommes bouscules par des Chinois qui veulent justement prendre une photo de l’un des leurs sur ce fond de paysage et dont nous genons les ambitions artistiques. Nous passons le telepherique qui monte les paresseux en haut et le petit train, genre chenille, qui redescend les grands enfants jusqu’en bas et decidons que cela suffit ! De toute maniere les paysages ressemblent beaucoup a ceux que nous avons deja vu de l’autre cote, en beaucoup plus calme. Nous sommes finalement bien contents de notre excursion qui nous aura permis de voir la Muraille dans de bonnes conditions tout en nous distrayant des fantaisies des Chinois.

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