Le marathon de Noel

Une fois de plus, nous nous levons tot ce matin, esperant reussir a boucler le trajet jusqu’a Chiang Mai a temps pour profiter du reveillon ce soir. La premiere epreuve est le passage de frontiere, qui se caracterise surtout par la necessite de faire la queue car nous sommes plusieurs occidentaux a vouloir passer des l’ouverture ce matin. Nous obtenons le tampon de sortie cote lao et montons a bord d’une des petites barques en bois qui font continuellement la traversee d’une rive et d’un pays a l’autre. Cote thai, nous sommes accueillis par une luxueuse baniere nous souhaitant la bienvenue. Nous montons a pied jusqu’au poste de police situe sur une colline (pour epuiser les fraudeurs ?) et attendons patiemment que l’on veuille bien nous accorder nos 30 jours de visa. Les pages de nos passeports commencent a etre bien encombrees, surtout que les douaniers apposent leurs tampons au petit bonheur la chance, profitant du moindre petit emplacement libre dans un coin de page. Ca y est, nous voila autorises a decouvrir ce nouveau pays, cela nous fait deja tout drole de retrouver la modernite : des routes goudronnees, des maisons en dur et non des huttes en bois, des voitures partout... depuis un mois nous en avions perdu l’habitude !

Nous n’avons pas de guide de Thailande, comptant l’acheter sur place, mais Thibaut croit se souvenir que la gare routiere n’est pas loin et facilement accessible a pied moyennant une petite marche. Nous refusons donc les offres de transport des tuks tuks, sortes de tricycles a moteur servant de taxi, qui se pressent pour accueillir les quelques touristes fraichement debarques et partons sacs au dos dans ce qui nous semble etre la bonne direction. Apres un bon quart d’heure de marche, nous ne voyons toujours pas la moindre indication quant a une eventuelle gare routiere. Il est maintenant trop tard pour changer d’avis et nous continuons stoiquement notre route, les sacs se faisant de plus en plus lourds. Epuises, nous reperons enfin un ou deux bus stationnes dans la rue autour d’un grand marche : serait-ce la gare tant attendue ? Mais apres un tour complet du pate de maison, nous ne trouvons rien de plus que ces deux bus qui ne vont pas la ou nous souhaitons. Nous finissons par demander aux tuks tuks stationnes la mais bien sur personne ne sait ou plutot ne veut nous en dire plus. Un chauffeur nous propose de nous y conduire moyennant finance bien sur. Nous n’avons pas le choix et cedons, montant dans son engin petaradant. Nous refaisons le chemin en sens inverse, ce qui nous parait un peu bizarre, et prenons une petite rue pour etre deposes devant une agence de voyage. Grrr, nous lui avions pourtant bien precise que nous cherchions les bus publics et non les minibus prives destines aux touristes. De toute maniere le minibus en question est plein et, devant nos protestations vehementes, le chauffeur accepte de nous conduire a, nous l’esperons, la vraie gare routiere. Nous reprenons une fois de plus la route et revenons... a notre point de depart ! Sauf que cette fois, le chauffeur nous designe une petite agence que nous n’avions pas remarque et qui vend en effet les tickets de bus pour Chiang Mai... Voici notre premiere arnaque thailandaise, c’est vraiment enervant de se faire balader ainsi juste parce que l’on ne connait pas la ville et que l’on se trouve ainsi sans defense. Avec tout ca, nous avons en plus rate les bus du matin et devons maintenant attendre celui de 11h40 qui devrait nous faire arriver vers 18h a Chiang Mai. Pour le diner de Noel, cela va faire juste !

Je suis plutot agacee par toutes ces deconvenues mais puisque nous sommes maintenant coinces la, autant en profiter pour passer le temps agreablement. Nous partons donc nous promener au marche tout proche, nous emerveillant devant le choix et la quantite de nourriture qu’il propose apres les etalages plutot maigres du Laos. Nous faisons quelques reserves pour le trajet en bus et, puisque nous avons petit dejeune tres tot, nous offrons un delicieux plat de riz et viande dans une petite gargote voisine. Ici tout est beaucoup plus moderne qu’au Laos et cela fait du bien de pouvoir manger quasi n’importe ou sans trop s’inquieter de l’hygiene ou de la qualite des aliments servis. Nous completons nos retrouvailles avec la modernite par l’achat d’un journal en anglais, cela doit bien faire deux mois que nous n’en avons pas vu un et cela fait tout drole de retrouver des nouvelles du monde !

A l’heure prevue, nous demarrons enfin, cette fois dans un vrai bus avec de vrais sieges et non un camion reconverti en transport local. La route est longue jusqu’a Chiang Mai, surtout que nous nous arretons dans chaque grande ville traversee. Manifestement, le bus que nous avons pris est loin d’etre un express et nous nous demandons si nous arriverons un jour. Une fois encore, la nuit tombe alors que nous sommes toujours en route et il est pret de 19 heures quand nous atteignons enfin la gare routiere de notre destination. Celle-ci est loin de la ville et il nous reste encore a trouver un tuk tuk qui veuille bien nous emmener a la guesthouse que nous avons reperee. Nous esperons ne pas avoir trop de mal a trouver une chambre car cette periode est la haute saison pour la Thailande et les touristes doivent etre nombreux. La chance doit etre revenue avec nous, nous trouvons aussitot un conducteur de tuk tuk adorable qui n’essaie meme pas de nous arnaquer sur le prix et nous conduit a toute allure dans son engin decore de lampes de toutes les couleurs. Arrives a la guesthouse, on nous pose la question fatidique : "avez-vous reserve ?"... euh, et bien, non, pas vraiment, repondons nous inquiets. Miracle, il leur reste une et une seule chambre, dans une categorie un peu moins confortable que ce que nous esperions mais cela fera bien l’affaire, ce n’est pas le moment de faire les difficiles ! Je commence a en avoir marre de cette journee qui n’en finit pas, il est pret de 20h quand nous nous posons enfin dans notre chambre. J’aurais presque la flemme de ressortir mais essaye de me remotiver : apres avoir fait tout ca pour passer Noel ici, nous n’allons tout de meme pas rester a l’hotel. Nous partons explorer les rues et avons du mal a croire que nous sommes vraiment le 24 Decembre. Il fait beau et chaud, nous sommes en T shirt et chacun se livre a ses occupations normales sans le moindre signe de fete. Les seuls indices sont quelques petits sapins a l’air incongru dissemines ca et la et des bars ou les jolies jeunes filles un peu trop accortes officiant en salle sont deguisees en Pere Noel. Nous avons la chance de tomber sur un delicieux restaurant ou, installes en terrasse, nous degustons un repas de Noel pas tres typique mais aux currys dont nous nous regalons. Ce pays m’a l’air bien sympathique, nous voila reconfortes de nos longs trajets de ces derniers jours.