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On a marche sur la lune

Jeudi 19 Avril, San Agustin

Nous partons de bon matin pour l’excursion reservee hier vers le parc Ischigualasto aussi appele Vallee de la Lune. Le paysage que nous traversons pour nous y rendre est toujours monotone : la route est un long ruban tout droit coupant le desert, bordee par quelques epineux et de temps en temps un village surgi de nulle part. Nous sommes finalement bien contents d’avoir un chauffeur et de ne pas avoir a conduire dans ces immensites desolees. Arrives au parc national lui meme, nous constatons que son nom a ete bien choisi. Le paysage est en effet lunaire, un desert sans fin qui ne semble peuple que de roches et de cailloux avec une vegetation desolee. Les indiens nommaient l’endroit Ischigualasto, ce qui veut dire "terre sans vie" et donne aussi une idee de l’hostilite de ce bout de terre. Cela n’a pourtant pas toujours ete le cas puisque ce parc renferme l’une des plus grandes concentrations de fossiles et d’os de dinosaures trouves au monde. Nous effectuons d’ailleurs la visite avec un guide qui s’assure que nous n’emportons pas subrepticement un des precieux morceaux de cailloux.

Le circuit a travers le parc se fait en voiture avec des arrets a chacune des curiosites naturelles qu’il renferme. Nous regrettons un peu de ne pouvoir nous promener plus librement a pied mais, vu la chaleur deja forte en ce debut de matinee, la randonnee ne doit pas etre de tout repos. Nous admirons le paysage decidement tres lunaire qui s’etend devant nous : a perte de vue, ce ne sont que roches decoupees, canyons, poussiere, le tout dans des degrades de couleur allant du rouge au gris. L’erosion et le vent ont modele le paysage en des formes etranges : ici, nous croisons un etrange sphynx echappe des pyramides d’Egypte, tandis qu’un peu plus loin ce sont les deux tourelles d’un sous marin qui depassent au dessus de l’horizon. Le plus etrange est cet amas de boules parfaitement rondes etendues dans la plaine. On croirait une bizarre partie de petanque jouee par des geants (ou les habitants de la lune ?) mais non, ce sont les caprices du vent qui ont modele ces roches friables jusqu’a les transformer en boules parfaitement spheriques. Le parc n’a pas fini de devoiler tous ses mysteres puisque chaque fin d’ete, apres les fortes pluies, les scientifiques disposent d’un nouveau terrain de jeu et peuvent explorer les pans de terre mis a nu par la pluie pour y decouvrir de nouveaux fossiles.

Nous terminons la visite par le petit musee adjacent qui expose des squelettes de dinosaures reconstitues a partir des os decouverts ici. Les scientifiques responsables du musee se prennent apparemment pour les Sherlock Holmes locaux puisque les panneaux d’explication se veulent dignes d’une enquete policiere. Partant des indices decouverts sur place, ils mettent en place toute une serie d’hypotheses pour etayer la petite histoire du dinosaure dont ils viennent de retrouver les restes. Le resultat nous parait un peu farfelu et plus digne de la section Faits divers du journal local que d’un musee cautionne par des scientifiques. Mais qu’importe, nous nous amusons d’apprendre que Monsieur Dinosaure numero un mourut de faim apres avoir imprudemment marche dans des sables mouvants (ceci car les os du bas de son squelette sont tasses et qu’aucun autre animal n’a ete retrouve pres de lui) tandis que son collegue Numero deux s’est betement laisse enfermer dans une grotte qui deviendra son tombeau (et oui, sa colonne vertebrale prouve qu’il regardait vers le haut et avait le cou tendu).

Nous sommes de retour en debut d’apres midi dans notre petit village, bien contents de cette visite interessante, au point que nous nous inscrivons a l’excursion de demain pour visiter le second parc national de la region. Apres un peu de repos et une lessive qui devrait vite secher (c’est l’avantage d’etre en plein desert), nous sortons explorer le petit village de San Agustin. Le tour en est vite fait : une place centrale a l’argentine avec beaux arbres et allees convergeant au centre, quelques rues bien ordonnees decoupant des carres de maisons tous identiques et, des que l’on sort un peu du village, le retour dans le desert et la poussiere. Le tout est plutot agreable surtout que le monde moderne semble s’etre arrete de l’autre cote du desert. Nous dinons comme hier a la seule et unique pizzeria du village dont nous sommes d’ailleurs les seuls et uniques clients. Il n’y a pas a dire, pour qui aime la solitude, San Agustin est l’endroit ideal !

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