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Plus haut que le Mont Blanc !

Lundi 21 Mai, Cabanaconde

La matinée est encore une fois vite passée puisqu’elle est consacrée au cybercafé. Cette fois, ce n’est pas le PDA qui a planté ou les fichiers qui ont disparu mais les CD de photos fraichement gravés qui n’ont pas apprécié la poussière du désert d’Atacama et du Pérou. La moitié des CD en attente d’envoi en France est illisible et ceux du dernier colis sont arrivés en mauvais état également. Dire que c’était déjà long de graver toutes les photos en double sur CD, si en plus il faut refaire chaque exemplaire 3 fois, on ne va jamais y arriver ! Avec tout ça, nous arrivons juste à temps pour rendre notre chambre d’hôtel à midi tapante et déjeuner rapidement au restaurant végétarien du coin. Devant affronter un col à haute altitude sur la route, nous préférons manger léger en prévision. Nous filons ensuite pour la gare routière que nous commençons à bien connaître, rejoindre le Seigneur des Miracles (Senor de los Milagros, nom de la compagnie locale pour ceux qui n’ont pas suivi les épisodes précédents) qui doit nous emmener à destination.

Le bus n’est plus tout jeune, les sièges sont un peu défoncés et pas question de télévision sur ce modèle. D’ailleurs la clientèle est assortie au bus puisqu’à part quelques rares touristes ce sont surtout des familles de péruviens pauvres qui voyagent, accompagnés de nombreux baluchons et couvertures. Nous parcourons les faubourgs de la ville, aussi embouteillés que le centre et finissons par nous dégager de ce chaos urbain pour affronter les immensités de l’altiplano. Devant franchir un col à 4880 mètres, notre trajet est simple : nous montons de lacet en lacet jusqu’à atteindre un plateau d’altitude désolé. Pourtant cet endroit hostile est habité par de rares familles élevant lamas et alpagas qui paissent librement dans les champs. De temps en temps notre bus s’arrête en plein désert pour poser un passager solitaire qui file droit devant lui, emmitouflé dans ses couvertures, rejoindre une improbable ferme. Brr, c’est qu’il ne doit pas faire chaud ici la nuit ! Les paysages sont très beaux même s’ils n’égalent pas les splendeurs du Parc Lauca et nous retrouvons avec plaisir l’altiplano. Nous montons encore, le souffle devient plus court et, hop, nous voici à 4880 mètres, plus haut que le Mont Blanc et battant ainsi notre record d’altitude.

Nous regrettons que le crépuscule arrive déjà car la descente vers le petit village de Chivay, perdu en pleine campagne et marquant l’entrée du Canyon de Colca, est magnifique. La vue porte loin sur les contreforts de la montagne dont nous descendons et nous pouvons admirer la campagne péruvienne et ses cultures en terrasses modelant le paysage magnifiquement. La plupart des touristes descendent ici mais nous avons choisi de loger à Cabanaconde, le village suivant, au bord même du canyon. Nous profitons de la pause pour un rapide arrêt pipi bien mérité (cela fait quand même près de quatre heures que nous roulons sans interruption !) et admirons au passage les costumes si particuliers des dames de la région. Vetues de jolis jupons bordés de dentelles, elles se distinguent surtout par leur chapeau, sorte de bob à visière aplati devant, rigide et surtout magnifiquement brodé de couleurs vives rendant chaque couvre-chef unique. Nous envions les veinards qui s’arrêtent ici et peuvent se mettre en quête d’un lit et d’une douche chaude, et prenons notre mal en patience en repartant pour ce qui s’avèrera deux heures de piste cahotante. La poussière pénètre partout dans le bus, nous tressautons au rythme des pierres éparpillées sur la piste et, tandis que la nuit s’épaissit, marquons de mystérieux arrêts dans les petits villages de la vallée que nous distinguons à peine dans l’obscurité.

A vingt heures, il semble que nous soyons enfin arrivés à destination. Nous descendons sur la place centrale d’un tout petit village et abandonnons les quelques autres touristes, bizarrement tous français, pour suivre un jeune garçon rencontré dans le bus qui nous a recommandé son hôtel. Epuisés et impatients de nous poser enfin, nous acceptons la chambre proposée avant de le regretter immédiatement. La pièce est minuscule, la salle de bain extérieure qui devait nous être réservée est en fait commune à tout l’étage et surtout les bruits de l’escalier résonnent et m’inquiètent pour la nuit à venir. Nous hésitons, ayant déjà signé le registre de l’hôtel pour cette nuit, et décidons de partir quand même, la chambre étant décidément trop vétuste. Nous retrouvons le jeune garçon et sa soeur qui nous ont accueillis mais ils ne veulent rien entendre et s’obstinent à nous réclamer le paiement de la nuit. Le ton monte, nous ne cédons pas et finissons par partir, un peu inquiets à l’idée de nous être mis la moitié du village à dos et craignant d’éventuelles représailles. Nous rejoignons l’hôtel indiqué dans notre guide, où heureusement il reste des chambres malgré l’heure tardive, et obtenons un immense dortoir de cinq lits pour nous tous seuls. C’est plutôt rustique puisqu’il s’agit d’une sorte de grange en pierre transformée en chambres, dont la porte ne ferme pas jusqu’en haut et la fenêtre de la salle de bains n’a pas de vitre, mais le tout est très propre et plutôt accueillant, rien à voir avec l’hôtel précédent. Nous avons bien mérité notre dîner à la chandelle dans le restaurant attenant où nous profitons de la bonne cuisine maison du patron.

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