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Les toits de la ville

Vendredi 25 Mai, Cuzco

Pour une fois qu’un bus arrive en avance à destination, cela ne nous arrange pas du tout ! En effet, il n’est que 5h30 du matin, nous aurions bien apprécié de dormir un peu plus et surtout nous nous demandons où aller à cette heure matinale. Un peu ensommeillés, nous récupérons nos sacs et cherchons une adresse d’hôtel dans notre guide, en essayant d’échapper à une rabatteuse déjà levée qui veut à tout prix nous emmener dans sa guesthouse. Je repère un hôtel un peu plus chic que ceux où nous allons d’habitude mais, après les nuits un peu difficiles au Canyon de Colca, je ne me sens pas le courage de supporter à nouveau le froid et décide que nous avons bien mérité un peu de confort. Nous prenons un taxi jusqu’à l’hôtel et, après avoir traversé la jolie Place d’Armes de Cuzco, déserte à cette heure, grimpons par des ruelles étroites et escarpées sur les collines qui dominent la ville. Il ne nous reste plus qu’à espérer que l’hôtel nous conviendra car nous n’avions pas réalisé que le relief de Cuzco était aussi mouvementé, se prêtant mal à un tour de ville sac au dos à la recherche d’une chambre. Le taxi nous dépose finalement dans une petite rue calme, pas un passant à cette heure matinale où le jour se lève à peine. Nous avons quelques scrupules à sonner à la porte de l’hôtel, craignant de réveiller tout le monde mais nous n’avons pas le choix. Heureusement, un jeune péruvien charmant vient nous ouvrir, le sourire aux lèvres malgré notre arrivée un peu intempestive. Notre chance continue puisqu’il réussit à nous dénicher une chambre dans l’hôtel pourtant bien plein et, encore mieux, elle sera même prête dès 7h30, ses occupants actuels partant très tôt en excursion. En attendant, il nous montre la cuisine et le salon télé et nous invite à prendre une boisson chaude que nous sirotons devant TV5. Comme souvent quand nous débarquons d’un bus de nuit, nous ne rêvons que d’une bonne douche chaude, afin de nous réveiller et d’enlever la crasse accumulée pendant le voyage (il faut dire que nous avons enchaîné les transports depuis Cabanaconde, hier midi). Nous patientons, bien contents de retrouver une télévision française ou plutôt en français, puisque nous assistons au journal télévisé belge puis à un documentaire québécois... peu importe, pour une fois que nous comprenons ce que la télévision raconte !

Nous nous installons enfin dans notre chambre tant attendue et ne sommes pas déçus de notre choix d’hôtel. Petite maison charmante transformée en pension d’une dizaine de chambres, cette guesthouse est tenue par une famille italo-brésilienne (!), chaque chambre portant le nom d’un de ses membres et étant décorée dans un style différent. Nous profitons avec bonheur du confort retrouvé après en avoir été privés ces derniers jours, comme quoi cela fait du bien de vivre un peu à la dure parfois. Ah une bonne douche chaude, une salle de bains bien propre, une serviette moelleuse... quel bonheur ! Nous voici d’attaque pour partir à la découverte de la ville, dont nous avons un aperçu d’en haut depuis la colline où se situe l’hôtel. Notre rue descend en pente raide par des escaliers jusqu’au centre ville et, quelques mètres plus bas, nous arrivons à un belvèdère d’où nous contemplons les toits de la ville, charmés par le panorama. Tout Cuzco s’étend à nos pieds, enchevêtrement de toits bruns rouges tous identiques, ondulant au gré des collines sur lesquelles la ville est construite. Au centre, nous distinguons la Place d’Armes et ses luxueuses constructions religieuses, cathédrale et églises richement ornées. Nous attendions avec impatience cette ville, considérée comme la capitale de ce qui fut l’empire inca, et ne sommes pas déçus par cette première impression enchanteuse. Un copieux petit déjeuner dans un café installé dans les arcades de la place centrale et chauffé par un agréable feu de bois achève de nous mettre de bonne humeur. Décidément, notre séjour ici s’annonce bien.

Cette première journée passe plutôt tranquillement, de flânerie en ville en organisation pour la suite du voyage. Nous profitons du retour au monde moderne pour donner à laver notre linge et nous connecter à Internet où nous découvrons avec plaisir que nos amis toulousains Chantal et Christian en voyage au Pérou devraient nous rejoindre ici dans quelques jours. Nous nous occupons aussi de la réservation des fameux billets de train pour le Machu Picchu. "Fameux" car il n’existe qu’un seul train pour arriver sur ce site, vite plein et controversé chez les voyageurs pour son prix jugé excessif. Alors que Thibaut se passerait bien de cette visite "obligatoire", allergique aux sites trop célèbres, je tiens quand même à visiter cette citadelle inca si réputée, sans pour autant faire un trajet tordu en trois jours de marche pour économiser le prix du train, pas si élevé si on le ramène à nos prix européens. Nous partons donc pour la gare, préparés psychologiquement à devoir affronter une queue terrible et à ne peut être pas trouver de place pour les dates qui nous intéressent. En fait, nous avons la bonne surprise de trouver une gare très bien organisée où, munis de nos tickets boucherie "comme à la maison", nous attendons sagement sur notre banc qu’un guichet se libère. En moins d’une demi heure, tout est réglé et nous repartons munis de nos précieux sésames pas si chers que ça puisque nous avons pu économiser un peu en partant du village de Ollantaytambo, un peu plus loin sur la ligne. Nous en profitons pour jeter un oeil au marché artisanal situé à côté de la gare mais comme souvent dans ce genre d’endroits nous sommes un peu déçus. Les articles proposés sont tous les mêmes, certains sont jolis mais sans plus et nous ne nous sentons pas le courage d’affronter de dures négociations. Après tout nous ne sommes pas pressés, nous sommes bien décidés à rester ici plusieurs jours. Nous terminons cette bonne journée de repos par une délicieuse pizza au feu de bois dans un petit restaurant très sympathique, loin des attrape-touristes de la Place d’Armes, où le patron nous accueille à bras ouverts. Pour les visites sérieuses de la ville, nous attendrons demain !

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