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L’invasion des toits bleus
Dimanche 27 Mai, Pisac
Nous partons ce matin pour une boucle de quelques jours dans la Vallée Sacrée (nom pompeux inventé sans doute à destination des touristes pour désigner l’ensemble des villages et sites historiques incas situés aux environs de Cuzco) et vers l’incontournable Machu Picchu. Ayant prévu de revenir ensuite au même hôtel, nous en avons profité pour refaire nos sacs, ne gardant avec nous que ce dont nous avons besoin pour ces quelques jours et laissant un énorme sac bien rempli et très lourd en consigne à l’hôtel. Du coup, c’est Thibaut qui porte notre unique sac tandis que je profite de ma légèreté retrouvée avec mon petit sac de jour. Nous prenons quand même un taxi jusqu’à la gare des collectivos, située un peu trop loin pour s’y rendre à pieds et avons la chance de tomber sur un véhicule prêt à partir. Déjà occupé par deux français, il nous propose un prix très raisonnable pour aller jusqu’à Pisac, notre première étape. Une heure plus tard, nous voici déjà arrivés à destination, chic, j’aime quand les transports se passent aussi bien.
Vu d’en haut, le village a des allures de camp de réfugiés : au milieu des toits des petites maisons, nous distinguons une énorme masse bleu vif, vu de près il s’avère qu’il s’agit d’un impressionnant amas de stands de marché couverts d’une toile en plastique bleue. La circulation est dense aux abords du village, collectivos, taxis, charrettes et bus de touristes s’affrontant pour tenter de pénétrer au centre ville. Notre chauffeur nous dépose dans une rue adjacente, de toute manière il est illusoire de vouloir s’approcher plus vu le bazar ambiant. Au moins, nous n’aurons pas de mal à trouver le centre ville, il suffit de suivre les passants en direction de l’amas de tentes. Pisac est en effet renommé pour son marché artisanal "typique" (?) qui a lieu trois fois par semaine et dont le plus important est le dimanche, ça tombe bien c’est aujourd’hui ! Nous pénétrons dans le marché à peu près à la même heure que tous les bus de touristes venus à la rencontre de cette attraction si typique, ce qui n’est pas une bonne idée. Chargés de nos sacs (enfin surtout Thibaut), nous devons slalomer dans les allées étroites et éviter les amas de touristes poussant force "oh" et "ah" devant ces souvenirs si exotiques et s’évertuant à négocier les prix pour mieux remplir leurs sacs. Il est impossible de se repérer dans ces allées toutes identiques, surtout sans voir le ciel caché par les bâches bleues, et c’est un peu au hasard que nous finissons par déboucher sur la place centrale. Nous avons hâte de trouver un hôtel pour nous débarasser de nos sacs et repartir à la découverte du village dans des conditions plus sereines. Le premier que nous visitons est envahi par des groupes de touristes, le personnel semble débordé et la chambre qu’on nous propose est bien trop chère. Heureusement, nous trouvons refuge un peu plus loin, chez une sympathique famille où le propriétaire délègue à son petit fils de 8 ans le soin de nous faire visiter notre chambre. C’est un peu spartiate mais sympathique, cela ira pour cette nuit.
Maintenant installés, nous pouvons partir à la découverte du marché. Nous faisons un tour rapide sur les stands d’artisanat, nous avons de la chance car la plupart des bus de touristes sont déjà repartis vers la destination suivante de leur tour et l’atmosphère est un peu plus calme. Nous ne trouvons pas grand chose d’intéressant, la plupart des articles proposés se ressemblent et il faut fouiner pour dénicher de jolies choses. Nous repartons quand même avec une petite calebasse sculptée, une paire de chaussettes à rayure très rigolotes pour faire concurrence à mes chaussettes en lama et un beau tapis artisanal en cadeau d’anniversaire pour le frère de Thibaut (ne reste plus qu’à trouver comment lui envoyer !). Mais le plus intéressant n’est pas ce marché envahi par les touristes mais plutôt le vrai marché, celui aux fruits et légumes que nous trouvons en flânant un peu dans les ruelles désertes en s’éloignant du centre du village. Ici l’atmosphère est celle d’un vrai marché et nous nous régalons en contemplant les beaux costumes colorés des dames et les non moins colorés étalages de fruits et légumes. Nous sommes les seuls occidentaux dans le coin, pourtant beaucoup plus photogénique que son homologue du centre ville. Nous avons prévu de dormir ici ce soir et espérons bien profiter un peu du village une fois le marché terminé et la foule repartie.
En attendant, il est temps d’aller voir la seconde attraction de Pisac, ses ruines incas situées sur les hauteurs de la ville. Pas fous, nous nous réservons la balade à pieds du village aux ruines dans le sens de la descente et nous offrons un taxi pour monter jusqu’au sommet du site. Il est déjà tard et malheureusement l’ombre gagne les ruines, dommage pour les photos. Malgré tout, la vue depuis cette colline est magnifique, nous avons devant nous toute la vallée où se situe Pisac avec sa rivière au fond et ses champs en terrasse alignés sur les pentes. Les ruines elles mêmes ne sont pas très impressionnantes, on ne distingue plus que quelques murs, des habitations, des fontaines, mais la promenade dans le site reste agréable et nous essayons d’imaginer la vie à l’époque des incas. Nous cherchons désespérément l’attraction phare, le temple du soleil, nous perdant dans cet immense site où les indications sont plus que rares. Après de belles séances escalade parmi les pierres et grimpettes sur des sentiers qui disparaissent d’un coup dans les broussailles, nous finissons par trouver le petit tunnel creusé dans la montagne pour la contourner et l’esplanade centrale du temple. Là aussi, il faut beaucoup d’imagination pour avoir une idée du culte dédié au soleil et à la lune, seuls quelques murs restant en place. Une dernière marche d’une petite demi heure à bon pas pour arriver avant le coucher du soleil nous ramène jusqu’au village et à notre hôtel. En allant dîner, nous découvrons l’autre visage de Pisac : stands et bâches sont promptement démontés et la place centrale retrouve son allure habituelle. Nous n’en croyons pas nos yeux, la forêt de toits bleus du matin a laissé la place à un très joli village calme et tranquille, c’est nettement plus agréable et le contraste est très amusant.
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