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La guerre n’etait pas loin

Vendredi 15 Decembre, Nong Khiaw

C’est incroyable comme le temps passe vite a ne rien faire quand on trouve un endroit agreable ou se poser. Je suppose qu’apres tout nous devions en avoir besoin apres les heures de transport extenuants et notre vie de voyageurs toujours en mouvement. Peut etre aussi est-ce le rythme si nonchalant du Laos qui nous gagne peu a peu... Toujours est-il que ce matin nous avons une fois de plus renonce a aller voir les fameuses grottes, pas le courage de marcher une heure avec cette chaleur ! Les chiens occupes a faire la sieste etendus de tout leur long sur le terrain de petanque etaient d’ailleurs bien de notre avis. La vie de ce petit village est plus que calme et nous avons maintenant un peu l’impression d’en faire partie. Le tour du village ne prend pas trop longtemps : partout des maisons de bois et de bambou le long de la rue principale en terre battue, prolongee par une seconde rue tout aussi poussiereuse qui descend a l’embarcadere des bateaux, coeur anime du village. Le Laos doit etre un des rares pays au monde ou, dans des regions reculees comme celle-ci, le bateau reste le moyen de transport principal faute de routes praticables reliant les villages. Toute la journee de longues barques de bois effilees et plates munies d’un petit toit debarquent passagers et marchandises venant des villages en amont ou en aval. Quelques petits magasins vendent le strict necessaire, empile sur un comptoir de bois ou suspendu au mur. Pour les fruits, direction le marche ou quatre ou cinq stands exposent une marchandise etrangement peu variee puisqu’a part les bananes et les oranges on ne trouve pas grand chose. Un minuscule bureau de poste abrite un unique employe qui semble heureux d’avoir enfn des clients et s’applique pour nous vendre notre timbre. A 8 heures du soir, les rues sont desertes et, hier, faute d’avoir surveille l’heure, nous avons failli jeuner pour le diner, les restaurants etant tous fermes a cette heure indue !

Les heures chaudes de l’apres midi ecoulees bien a l’ombre sur notre terrasse, nous partons enfin en direction des fameuses grottes. La promenade n’est pas bien longue, environ 45 minutes a pied sur la route principale. On ne peut pas dire qu’ici nous soyons beaucoup deranges par les vehicules, d’autant que cette route mene vers des regions encore plus reculees du Laos, bien loin de la capitale et des plaines du sud. A part un ou deux saongthew charges a ras bord de passagers et quelques enfants dans les villages traverses, nous ne croisons pas grand monde et pouvons admirer tranquillement les environs. Le charme de la region reside dans ses montagnes, sortes de pains de sucre couverts de jungle a la hauteur impressionnante. Dans le village, ils encadrent la riviere, donnant au paysage son allure sauvage et ici ils contrastent magnifiquement avec les champs et rizieres alentour. Le soleil rasant est juste derriere les montagnes creant un drole d’effet d’optique ou nous avons l’impression qu’une lumiere divine jaillit directement du sommet pour nous illuminer. Nous arrivons rapidement aux grottes, grandes excavations creusees naturellement dans la montagne calcaire. Un petit guichet a ete installe et pas moins de deux employes nous accueillent pour nous faire ceremonieusement payer le droit d’entree. Nous accedons a la grotte principale par des escaliers de bois fixes contre la paroi plutot vertigineux car la grotte est bien a quinze metres au dessus du sol. Ces grottes etaient utilisees comme abri pendant la guerre du Vietnam et les bombardemements americains et nous voyons encore les echelles de bambous rudimentaires appuyees contre la montagne et qui servaient aux villageois a y grimper. Le Nord Est du Laos est une des regions qui a recu le plus de bombes et nous voyons encore un peu partout dans les villages les carcasses metalliques transformees en pots de fleurs ou en bordures de route. C’est difficile d’imaginer qu’une region aujourd’hui aussi paisible ait pu ainsi se retrouver sous le feu des bombardements pour des questions de geopolitique. L’interieur de la grotte est lui aussi impressionnant avec sa grande salle principale aux piliers de pierre decoupee. Nous ne voyons pas le fond de la galerie, d’autant que nous avons bien sur oublie notre lampe, et imaginons les dizaines de villageois refugies ici. Je suis soulagee de retrouver la lumiere et la chaleur du jour apres cet environnement plutot lugubre. Nous sommes contents d’etre enfin venus jusqu’ici pour voir ainsi une autre realite du Laos, loin des beautes mises en valeur pour les touristes.

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