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Recherche dugong desesperement

Jeudi 15 et Vendredi 16 Fevrier, Lamen Bay

Le temps s’est un peu ameliore aujourd’hui mais la mer est encore agitee. Nous en profitons pour aller explorer un peu le village, le long de la route principale. Des groupes de femmes sont assises sous les arbres a l’ombre et papotent tranquillement en gardant les jeunes enfants tandis que les hommes, eux, preferent souvent le calme des abris de bois construits un peu partout le long du rivage. Nous longeons un grand lycee plutot neuf arborant fierement sa devise "giving is receving" (donner c’est recevoir) sur un blason, au moins les enfants de ce village semblent avoir des professeurs. Nous entreprenons de traverser les pistes de l’aeroport, c’est a dire une grande pelouse bien taillee, pour aller voir le bout de la baie mais faisons vite demi tour, la chaleur est insupportable dans cet espace degage. Alors que nous sommes en maillots de bain sur la plage et prets a nous baigner, la cuisiniere de notre hotel nous interpelle : le dejeuner est servi ! Aie, il n’est pourtant que 11h mais apres l’habituel reveil par des heurts a la porte a 7h30 pour le petit dejeuner nous aurions du nous mefier. Nous nous trempons rapidement avant de venir sagement manger notre repas legerement refroidi.

L’apres midi, la visibilite semble s’ameliorer et nous passons aux choses serieuses : la recherche du dugong. Ce mammifere marin ressemble un peu a un gros phoque sans poils avec une trompe ou, si vous preferez, un Teletubbie (pour les amateurs de dessins animes). Cet espece d’aspirateur geant arpente sans repit les fonds sableux, avalant les herbes marines dont il se nourrit. Or, justement, Lamen Bay est reputee pour son dugong, nomme Bondas, particulierement amical envers les humains. Si on parvient a le reperer et a le rejoindre a la nage, il est apparemment toujours partant pour se faire gratter le ventre ou effectuer quelques plongeons avec son ami du jour. Autant dire que la perspective de jouer avec un tel animal fait partie des motifs qui nous ont decides a venir a Epi, nous sommes donc particulierement motives pour le rencontrer. Alix nous a indique la meilleure methode selon elle, prendre le temps de le reperer a la surface quand il vient respirer avant de nager pour rejoindre l’endroit ou il se trouve. Helas, nous avons beau scruter la baie, aucun dugong n’est visible. Nous tentons une seance snorkelling, esperant etre chanceux mais ce n’est pas passionnant. Sur ce fond sableux recouvert d’herbes par endroit, il n’y a aucun corail et tres peu de poissons. Nous nageons un bon kilometre pour gagner les eaux profondes de la baie et croisons en tout et pour tout une tortue pas tres sociable qui s’enfuit vite des qu’elle nous apercoit.

Nous poursuivons nos efforts pendant la journee du vendredi, essayant desesperement d’apercevoir la fichue bestiole qui joue les absentes. Martin vient en renfort arme de son matelas pneumatique sur lequel il part en expedition dans la baie pour essayer de trouver quelque chose (drole de methode). Nous reperons quelques dauphins au loin et croisons une autre tortue farouche mais toujours pas notre ami Bondas. Il faut dire que le fond de la baie est tres pollue, avec un peu partout des canettes, sacs en plastique et autres emballages et les herbes sont plutot rases par rapport aux photos sous marines que nous avons pu voir. Est ce que le debut de developpement touristique de Lamen Bay, qui accueille apparemment l’hiver beaucoup de yachts, a derange les timides dugongs et detruit leur nourriture, les contraignant a trouver refuge ailleurs ? Nous nous interrogeons mais en tous cas ces animaux restent introuvables.

Ce vendredi soir, nous sommes bien sagement sur la terrasse a 18h precises, l’heure du diner (a force nous avons compris) mais une demi heure plus tard nous sommes toujours la. La cuisiniere a disparu, le generateur d’electricite n’est pas en route et nous sommes plonges dans le noir, rien ne mijote a la cuisine. Nous nous interrogeons : sommes nous prives de diner a cause des recriminations quotidiennes de Martin qui rale devant le sempiternel poulet qu’on nous sert, reclamant du poisson ? Et bien, c’etait presque ca puisque quelques minutes plus tard tout s’anime. La cuisiniere est de retour avec un enorme thon : elle attendait tout simplement le retour des pecheurs sortis en mer cet apres midi pour avoir les provisions pour le repas du soir, ayant voulu faire plaisir a Martin ! Nous nous regalons et alors que nous terminons de diner, c’est le pecheur en personne, le fils du proprietaire de la guesthouse, qui vient voir comment nous avons trouve son poisson. Nous en profitons pour discuter un peu avec lui, il est avide d’en savoir plus sur notre vie en Europe et nous pose plein de questions en s’excusant de peur d’etre indiscret. La conversation est parfois assez etrange car il y a un tel decalage entre notre vie occidentale et celle menee par les ni-Vanuatus d’Epi. Ainsi, quand Martin lui dit que son metier consiste a faire rire les gens en tant que comique, le pecheur ne comprend pas et se tourne vers nous pour avoir confirmation : en Europe, il existe des gens qui sont payes pour faire rire les autres ??? Il faut dire qu’ici pas besoin de payer qui que ce soit pour declencher le rire, les gens sont toujours souriants. D’apres Rob, leur humour est plutot particulier puisque rien ne les amuse autant que de voir quelqu’un tomber ou se faire mal : si l’un d’eux se blesse, par exemple en se coupant avec sa machette, ses compagnons, loin de lui porter assistance, s’esclaffent devant ce spectacle desopilant ! Nous nous demandons quelle image peuvent avoir de nous les habitants d’Epi qui ne connaissent de la vie occidentale que ce que la television veut bien leur en montrer et ce que racontent les quelques touristes, pas forcement representatifs, qui visitent leur pays. Pour notre derniere soiree ici, nous sommes bien contents de cette occasion de partager un peu plus la vie des gens de Lamen Bay.

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