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A bobo, bobo et demi

Samedi 2 Juin, Cuzco

Au grand jeu du "qui est malade aujourd’hui", c’est Thibaut qui gagne en se réveillant avec ce qui ressemble à une bonne crise de foie. Ce n’est donc pas trop le jour pour partir à l’aventure en bus vers d’autres ruines incas et nous nous orientons vers un programme plus calme pour ce matin. Décidément, nous avons bien fait de prolonger notre séjour à Cuzco, deux journées de plus ne seront pas de trop pour arriver à voir ce qui nous intéresse. Avant tout, il nous faut quitter notre petit nid douillet de la Piccola Locanda et dire au revoir à sa sympathique gérante française. Malgré tous ses efforts, elle n’a pas réussi à nous trouver une chambre libre pour ce soir, l’hôtel étant irrémédiablement complet. Nous empaquetons donc une fois de plus nos affaires et partons en taxi vers un hôtel plutôt chic où nous avons réservé nos deux prochaines nuits. Entre l’altitude, le froid et les petits pépins de santé, nous commençons à fatiguer un peu et n’avons pas le courage de supporter les conditions parfois spartiates des guesthouses pas chères, d’où ce changement de standing soudain. En attendant de pouvoir prendre possession de notre chambre, nous partons visiter une autre des nombreuses églises de Cuzco, celle de La Merced. Celle-ci nous passionne moins que le temple inca-église catholique de San Domingo, ressemblant plus à une église "classique" européenne, quelques kilos de peintures dorées et trésors en or massif en plus. Nous passons quand même un agréable moment à flâner dans lecloître et à déplorer le mauvais goût certain des conquistadors qui volèrent tout l’or des cités incas pour en faire des calices ou des ostensoirs dont le seul charme doit être le poids d’or utilisé pour leur confection !

Après un déjeuner sandwich pour moi, Thibaut poursuivant son jeûne, et une tentative ratée d’appeler nos parents qui sont aux abonnés absents, nous rentrons prendre possession de notre nouvelle chambre et nous reposer un peu. Nous ne sommes plus habitués à tant de luxe et détaillons avec émerveillement la chambre et la salle de bains immaculées, la couette moelleuse et, surtout, comble du bonheur pour moi, un original système de chauffage avec un petit poêle individuel qui sera sans doute alimenté ce soir. Depuis trois semaines que nous sommes au Pérou, c’est la première fois que nous croisons un chauffage malgré les températures glaciales de la nuit. En milieu d’après midi, nous décidons de nous rendre malgré tout au site inca de Tipon, notre but initial de la journée. Forts de nos expériences précédentes, nous pensons trouver facilement un collectivo mais, hélas, avant cela il nous faut d’abord arriver à repérer leur gare routière. Munis des indications que nous a donné le propriétaire de l’hôtel nous partons à sa recherche mais, après avoir parcouru en tous sens l’avenue où elle devrait se situer, ne trouvons pas la moindre trace d’une quelconque gare. Des véhicules sillonnent bien la ville mais ils ne comportent aucune indication et les cris de leur rabatteur ne nous éclairent pas plus. Nous perdons un temps précieux à essayer de repérer un transport susceptible de nous conduire à bon port et finissons par renoncer et nous contenter d’un taxi individuel hélé dans la rue, qui heureusement nous propose un prix raisonnable.

Avec tout ça, il est déjà tard quand nous arrivons à destination et l’ombre gagne peu à peu le site. Nous nous dépêchons pour glâner un aperçu avant que tout ne soit trop sombre, surtout que notre taxi n’a pas voulu nous attendre et qu’il va nous falloir trouver comment rentrer à la maison avant le crépuscule. Dommage pour les photos, il n’y a décidément plus assez de soleil et cela nous gâche un peu le plaisir, le site paraissant beaucoup moins impressionnant. Cela reste très beau quand même, Tipon est un ensemble de terrasses incas alimentées par des sources et fontaines où l’eau descendant des montagnes environnantes est récupérée. Tout un ensemble de canaux assez complexes permettent d’irriguer les cultures. Comme toujours avec les constructions incas, certaines fontaines en pierre massive sont réellement impressionnantes et leur architecture magnifique. Le parking du site est bien désert quand nous en sortons et tout espoir de trouver un véhicule ici nous abandonne. Il ne nous reste plus qu’à redescendre à pied la longue piste de terre qui mène au village. Un raccourci utilisé par les locaux nous fait prendre conscience de notre manque d’agilité de gringos. Ce raidillon qui descend à pic en évitant les lacets de la route est réellement casse figure et nous oblige à avancer si précautionneusement que nous ne sommes pas certains d’y avoir gagné du temps. Heureusement nous rejoignons enfin le village où, comme dans tout bon village péruvien, une armée de collectivos circule et s’arrête pour récupérer des passagers. Décidément c’est quand même un vrai plaisir de se balader au Pérou par rapport à ce qu’on a connu en Asie. Même si nous sommes comme toujours un peu tassés dans un vénérable minibus avec de longues heures de route au compteur, nous arrivons à bon port en un clin d’oeil et le tout pour un prix dérisoire. Encore un dîner léger ce soir et il est temps d’aller profiter de notre couette et du poêle...