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Paire de glaciers

Dimanche 11 Mars, Franz Josef

Nous nous levons sous un ciel aussi bleu qu’hier et filons vite vers le premier glacier de notre programme, celui de Franz Josef, juste a cote du village ou nous logeons. Nous avons etudie le plan des environs et nous nous sommes concoctes un petit programme de randonnees qui devrait nous permettre de voir le glacier sous tous les angles. Nous commencons par le plus classique : la randonnee qui permet d’approcher la face terminale du glacier. Le monstre blanc est encore dans l’ombre quand nous arrivons, ce qui le rend d’autant plus impressionnant. Les panneaux d’avertissement disposes au debut de la promenade nous feraient presque croire que nous entreprenons une expedition dangereuse : la proximite du glacier rend d’apres eux l’endroit peu sur, la balade est reservee aux montagnards avertis et il faut faire preuve de la plus extreme prudence. C’est peut etre vrai en plein hiver ou en cas de fortes pluies mais pour l’instant l’avertissement tombe un peu a plat : nous cheminons comme d’habitude sur un sentier parfaitement trace et, a moins de s’en ecarter pour descendre jouer dans la riviere ou se coller aux falaises pour recevoir des eboulis, nous ne voyons pas bien ce qui peut nous arriver. Nous remontons le lit de la riviere alimentee par le glacier, le long de la vallee creusee par lui egalement. Il faut dire que les glaciers de Nouvelle Zelande sont du genre capricieux, leur taille fluctuant au gre des pluies et de la temperature ambiante. Ainsi le glacier de Franz Josef s’est autrefois etendu jusqu’au parking ou nous sommes tranquillement gares, maintenant a quelques kilometres de son extremite, avant d’etre reduit a portion congrue il y a une trentaine d’annees et de recommencer a croitre. Tout est une question d’equilibre entre la glace de la surface, qui fond petit a petit, et la neige qui tombe, transformee peu a peu en glace au sommet du glacier.

Arrives a quelques centaines de metres de la paroi glacee, nous sommes arretes dans notre elan par des cordes arborant de beaux panneaux jaunes qui nous avertissent de toutes les miseres qu’un glacier peut nous faire s’il est mal lune. Il est apparemment interdit d’aller plus loin a moins d’etre un randonneur chevronne ou d’etre accompagne par un guide. Nous sommes un peu decus car nous esperions contempler le glacier d’un peu plus pres, d’autant que le sentier se poursuit sur terrain plat apres les cordes qui nous barrent la route. Nous voyons alors arriver un groupe de touristes explorateurs en herbe, revetus de la meme veste bleue identique et suivant un guide qui leur fait traverser le passage interdit. Ce sont les petits chanceux qui se sont offerts l’excursion hors de prix permettant d’aller escalader le glacier en compagnie d’un guide qualifie. Nous qui avions hesite a nous inscrire dechantons vite en regardant en quoi cela consiste. Le guide est seul avec sa quinzaine de petits touristes et apres un tres bref briefing les entraine a l’assaut de la bete... via des escaliers tailles dans la glace ! En observant mieux, nous nous rendons compte que 3 ou 4 groupes identiques se suivent deja un peu plus haut, tandis que d’autres groupes arrivent derriere nous avec la regularite d’un metronome, allant attendre leur tour au pied du glacier. Et bien, si l’escalade du glacier consiste a se suivre a la queue leu leu sur un sentier aussi bien balise qu’une autoroute, je crois que nous attendrons de pouvoir faire une vraie initiation a la randonnee sur glacier dans un endroit un peu plus tranquille ! Cela a au moins eu le merite de nous rassurer quant a la possibilite d’aller un peu plus loin et nous franchissons les cordes taboues pour approcher d’un peu plus pres la paroi, suivis par quelques autres promeneurs. D’ici, le spectacle est beaucoup plus impressionnant : nous distinguons la glace herissee, comme ratissee par un peigne geant, avec ses fractures et ses pics et observons le goutte a goutte des glacons de la surface fondant inexorablement pour alimenter la riviere un peu plus bas. Des rocs et des blocs de glace ecroules en dessous du glacier temoignent des forces monstrueuses en jeu, conduisant des pans entiers de glace a ceder d’un coup. Nous completons notre decouverte de Franz Josef par deux autres petites randonnees, l’une vers une colline offrant un point de vue different sur le glacier, tres prisee des explorateurs du 19e siecle au temps ou le glacier etait beaucoup plus grand, et l’autre vers de petits etangs refletant les montagnes alentour.

Nous rentrons pique niquer a l’hotel et, peut etre sommes nous un peu trop gourmands, car quand nous repartons le temps s’est couvert en ce qui nous semble un clin d’oeil, laissant place a un ciel entierement gris. Quel dommage de voir le second glacier, Fox, sans soleil pour le faire briller ! La promenade pour y acceder est encore plus facile, ce qui tombe bien car avec le temps couvert et le fort vent qui s’est leve, nous ne sommes pas vraiment rechauffes. Le glacier est different de Franz Josef et, malgre le mauvais temps, je le trouve plus impressionnant. La masse de glace est plus compacte, lui donnant un aspect encore plus herisse et parseme de pics de glace. Sous le ciel gris, le relief est moins visible mais les aiguilles glacees paraissent encore plus lugubres. Je suis tres decue par ce mauvais temps qui m’empeche de voir le clou de la journee, celui qui figure sur toutes les cartes postales de la region : le lac Matheson dont les eaux sombres refletent par beau temps les montagnes et les glaciers situes juste au dessus. Nous nous y rendons quand meme par acquis de conscience, on ne sait jamais, si les nuages allaient se lever... Helas, notre voeu n’est pas exauce et nous ne voyons pas grand chose, a part les eaux curieusement noires de la riviere qui alimente le lac. Il ne nous reste plus qu’a rentrer a l’hotel, en croisant les doigts pour que ce mauvais temps ne se maintienne pas trop longtemps comme nous l’avait annonce la meteo.

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