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La route de la mort... au loin !

Vendredi 15 Juin, Coroico

Nous imitons les riches habitants de La Paz et partons passer le week end dans la chaleur tropicale de Coroico, petit village des Yungas, cette région bolivienne qui s’étend sur les contreforts de l’altiplano. Un taxi attrapé dans la rue nous emmène jusqu’à la gare routière où nous choisissons un peu au hasard entre les différentes compagnies desservant notre destination. La route risque d’être longue car le minibus qui nous affecté est un modèle miniature sans doute conçu pour les asiatiques où nous avons à peine la place de nous assoir avec le grand plaisir d’avoir les genoux à peu près à la hauteur du front ! Heureusement, le trajet ne devrait pas être trop long et, contrairement à l’Asie, le minibus n’est pas trop bondé, chaque passager ayant une place assise.

Nous commençons par une belle grimpette qui nous fait traverser les faubourgs de La Paz. La ville semble n’en plus finir, nous passons d’un quartier à l’autre avec toujours le même enchevêtrement de véhicules, de marchés, de piétons où nous nous frayons à grand peine un passage. Nous débouchons enfin sur les étendues désolées de l’altiplano jusqu’au col à 4800 mètres où nous commençons notre longue descente vers la jungle. Nous avons de la chance car notre minibus emprunte une route toute neuve, construite pour mettre fin à la sinistre réputation de l’ancienne route, surnommée "route de la mort". Construite à flanc de montagne, pas plus large qu’un véhicule, cette route vertigineuse surplombait le précipice en contrebas et donnait des frayeurs à ceux qui l’empruntaient, risquant à chaque lacet de basculer 300 mètres plus bas en cas de rencontre inopinée avec un véhicule venant en sens inverse. Quand on voit comment conduisent les Boliviens, fonçant à toute allure et dépassant tout véhicule un peu trop lent, on ne peut qu’être soulagés d’emprunter cette nouvelle route, même si elle rend le trajet un peu plus long. Aujourd’hui, la route de la mort n’est plus empruntée que par les gringos en mal de sensations fortes à qui moults agences de La Paz proposent le grand frisson sous la forme d’une descente à VTT de la dite route. Nous nous contentons d’en admirer les lacets au loin, c’est vrai que son tracé est plus qu’impressionnant !

La jungle des Yungas abrite les plantations agricoles de Bolivie, café, orangers et autres fruits, mais aussi des activités plus illicites de transformation de la feuille de coca, cultivée un peu partout ici, en cocaïne prête à inonder le marché nord américain. Sous la pression des Etats Unis, le gouvernement bolivien lutte contre ces ateliers clandestins, souvent cachés dans des endroits reculé, où moyennant quelques produits chimiques des ouvriers se chargent de transformer la feuille en poudre blanche. Nous voyons un peu partout de grands panneaux tentant de dissuader les apprentis chimistes et listant les peines qui attendent les personnes surprises en train de transporter les produits nécessaires à la transformation, qui sont interdits dans toute la région. Notre minibus s’arrête à plusieurs postes de contrôle et certains bagages de soute sont scrupuleusement fouillés. Une crevaison et quelques centaines de lacets et de mètres plus bas, nous arrivons enfin à Coroico, pas fâchés de quitter notre minibus, transformé en étuve par la chaleur tropicale.

Avant de gagner l’hôtel que nous avons réservé, situé à quelques kilomètres du village, nous déjeunons d’une pizza sur la mignonne petite place centrale. Deux adolescents qui tiennent le restaurant de leurs parents semblent bien embêtés de voir débarquer ainsi des touristes qui les empêchent de suivre leur série télé favorite mais heureusement le cuisinier est lui à son poste et nous mangeons un bon repas. Nous faisons le tour des taxis stationnant sur la place et dont les chauffeurs font la sieste dans leur véhicule, tentant d’en trouver un qui soit un peu plus réveillé que les autres. Nous grimpons par une mauvaise route jusqu’à notre hôtel, ensemble de petits bungalows à flanc de colline en pleine nature. C’est vraiment étrange d’être ainsi replongés dans l’ambiance tropicale que nous avons quittée depuis l’Asie et de retrouver la chaleur et la végétation bien verte après les rigueurs des montagnes. On ne peut pas dire que l’accueil à l’hôtel soit très chaleureux puisque la gérante se contente de nous tendre les clés de notre bungalow avec de vagues gestes en direction du sentier qui y mène. Heureusement le bungalow lui même rattrape cette mauvaise impression : nous sommes les heureux propriétaires d’une jolie maisonnette de bois avec une grande chambre, une cuisine (incroyable !), une douche en plein air et surtout, la plus belle vue sur les montagnes et la vallée en contrebas que nous ayons admirée depuis longtemps. Notre occupation pour la fin d’après midi est toute trouvée : profiter de l’immense terrasse de bois qui longe notre nouveau chez nous ou du confortable hamac en alternant lecture et coups d’oeil à la vue magnifique.