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La lagune invisible

Lundi 23 et Mardi 24 Avril, Villa Union

Nous arrivons comme prevu a 4h du matin a Villa Union et sommes vite reveilles par l’air glacial de la nuit. Heureusement l’hotel n’est pas loin, sa proprietaire nous accueille en francais et nous conduit jusqu’a la tres jolie chambre qui nous attend et ou nous nous empressons de finir notre nuit sous la couette accueillante. Nous en emergeons en milieu de matinee et discutons avec la jeune francaise qui tient cet hotel et qui nous confirme que nous pourrons faire l’excursion tant attendue a la Laguna Brava avec son mari guide, demain ou apres demain. Nous sommes en effet venus jusqu’a ce petit village recule du centre argentin pour cette mysterieuse lagune d’altitude, situee a 4200 m, et d’ou on a une vue magnifique sur les volcans impressionnants. Quelques photos entrapercues nous ont convaincus que le detour en valait la peine, surtout que cette lagune n’est accessible que quelques mois par an, entre les pluies d’ete et la neige hivernale, et nous sommes justement a l’epoque ideale. La journee se passe tranquillement entre balade dans les rues calmes du village et decouverte de la campagne environnante ou un grand lac servant a irriguer les environs contraste avec la secheresse rouge des montagnes.

Notre excursion a ete planifiee pour ce matin et nous partons dans le 4x4 de notre guide, Alejandro, en compagnie de deux autres touristes argentins. La route jusqu’a la lagune est plutot longue puisqu’il nous faut parcourir plus de 200 km de plaine, coincee entre les Andes d’un cote et la chaine de montagnes de Famatina de l’autre, avant de bifurquer pour commencer a grimper dans les montagnes. Heureusement, le paysage devient alors impressionnant, nous grimpons a travers une quebrada, ce canyon rocheux creuse par le passage d’un fleuve, et admirons de magnifiques roches dans toutes les nuances de rouge. Alors que nous arrivons en altitude, le temps jusque la tout bleu se couvre petit a petit, de gros nuages surplombant les montagnes environnantes. Nous ne nous en inquietons pas plus que ca, esperant passer soit au dessus, soit a cote mais non, un peu plus haut nous voila en plein dans le ciel gris et surprise, il neige ! Le leger saupoudrage de blanc sur les montagnes rouges est du plus bel effet mais pas vraiment d’un bon augure quant au temps qui nous attend a 4000 m... Alejandro poursuit sa route impertubablement alors que la meteo se degrade encore, nous sommes maintenant en pleine tempete de neige et n’y voyons pas a 10 metres. Alors que nous cahotons depuis une dizaine de minutes sur une piste de terre, il s’arrete soudainement et nous indique d’un geste que la lagune s’etend devant nous. La visibilite est tellement mauvaise que nous ne distinguons qu’une petite etendue d’eau qui se perd dans le brouillard au loin. Quant aux volcans voisins, nul ne sait s’ils existent vraiment, nous ne voyons que du blanc. Nous sortons quelques minutes de la voiture mais le froid a cette altitude dans le vent violent est impossible a supporter et nous battons vite en retraite.

Alors que le 4x4 fait demi tour pour retrouver un endroit plus hospitalier, je m’interroge sur l’incroyable sens de l’orientation de notre guide qui lui permet de retrouver son chemin dans un paysage uniformement blanc, neige au sol et nuages au dessus. Helas, j’ai parle trop vite puisque nous le voyons hesiter, freiner, tourner dans un sens puis dans l’autre avant de nous avouer que le voici perdu. Nous entreprenons alors de rouler en essayant de retrouver la piste, un des touristes argentins assis devant etant mis a contribution pour guetter par la fenetre d’eventuelles traces de roues. Alejandro a l’air completement perdu et je commence a m’inquieter : nous sommes quand meme a 4000 metres, dans une tempete de neige, il ne semble avoir prevu ni boussole, ni GPS, ni meme couvertures et oxygene en cas de probleme, et il ne nous reste plus qu’a esperer qu’il ne s’egarera pas trop. Heureusement, apres avoir tourne en rond une bonne vingtaine de minutes, le voila qui retrouve ce qui ressemble a une piste et qui nous mene jusqu’a la route principale, ouf. Je suis furieuse contre son manque de prevoyance et son obstination a vouloir aller jusqu’au bout de l’excursion, alors que de toute maniere nous n’avons rien pu voir. Ce n’est vraiment pas professionnel et je le soupconne d’avoir pris cette decision juste pour ne pas avoir a nous rembourser l’excursion manquee.

Une fois redescendus, nous retrouvons un temps plus clement et un joli paysage mais n’avons pas vraiment le coeur a en profiter. Nous sommes decus d’avoir rate ainsi cette lagune qui nous avait tant fait rever, apres toutes ces heures de bus pour arriver jusqu’a Villa Union et cette excursion payee tres cher. Nous admirons quand meme d’etranges roches taillees en forme de pyramide parfaite, de quoi faire concurrence a celles d’Egypte. Un peu plus loin, nous nous etonnons devant de mysterieuses etoiles dessinees a l’aide de galets de couleur juxtaposes par les indiens et preservees jusqu’a aujourd’hui sans que l’on connaisse leur signification. Nous arrivons en fin d’apres midi au village, fatigues par cette longue route et toujours aussi decus de ce rendez vous manque avec la lagune. Nous nous retenons de piquer une colere quand la proprietaire de l’hotel nous dit que nous avons bien de la chance d’avoir vu la lagune sous la neige, ceci n’arrivant quasi jamais. Il me semble que cela fait partie de leur responsabilite de s’informer de la meteo avant une telle excursion mais apparemment cela ne lui pose pas plus de probleme qu’a son mari... Nous n’avons pas envie de rester plus longtemps ici apres cette experience plus que mitigee et decidons de partir des demain pour un long trajet qui devrait nous conduire jusqu’a Cafayate, petit village du nord ouest argentin. Nous avions adore cet endroit lors de nos vacances il y a deux ans et esperons le retrouver suffisamment inchange pour nous remonter le moral.