Partis faire un tour... à vélo

Accueil > Carnets de voyage TDM > Chili > De merveille en merveille

De merveille en merveille

Mercredi 9 Mai, San Pedro de Atacama

Le reveil sonne une fois de plus ce matin mais avec un peu de repit par rapport a hier puisque nous ne partons "que" a 7 heures. Le programme d’excursion qui nous attend est plutot charge, nous partons pour un long circuit dans l’altiplano qui devrait nous mener de salar en lagunes et autres oasis en plein desert. Notre premiere etape est pour le Salar de Atacama, immense etendue de sel au milieu du desert. Nous ne l’avons jusqu’ici vu que d’en haut, sorte de mirage blanc a l’horizon quand nous redescendions des geysers hier. Aujourd’hui, nous nous en approchons et, o surprise, le salar n’est pas blanc mais plutot d’un drole de beige ocre. Notre guide nous explique que c’est la poussiere du desert environnant qui se depose peu a peu sur le salar a cause du vent, lui donnant cette couleur etrange. Mais pourtant c’est bien du sel qui nous entoure et le vent l’a sculpte, formant non pas une etendue lisse comme nous nous y attendions mais un paysage rugueux, forme de cretes et de monticules. Bref, cela n’a rien a voir avec les salines que nous avions vu en Argentine et leur belle couleur immaculee a perte de vue. Le plus beau ici, ce n’est pas le salar mais plutot les lagunes d’eau saumatre qui s’y sont formees par un systeme complexe de remontee d’eau souterraine. Elles sont le refuge des flamants roses et le spectacle de ces oiseaux se detachant au loin sur le miroir parfait de l’eau, le tout sur fond de volcans omnipresents, vaut le detour. Pas un bruit dans ce desert de sel, le silence et la solitude sont parfaits dans cet univers qui ne semble pas fait pour les humains.

Une fois rassasies de ces beaux paysages, nous reprenons la route en direction des choses serieuses : la montee vers l’altiplano et ses lagunes perdues a 4200 metres d’altitude. Afin de nous acclimater un peu, nous marquons une pause dans le petit village de Socaire. Le spectacle des environs est plutot deprimant : partout on devine les restes des champs en terrasse anciennement cultives et aujourd’hui abandonnes et jaunis. La source qui provenait des montagnes et alimentait le systeme d’irrigation s’est soudainement tarie faute de precipitations (le rechauffement climatique ?) et toute culture a ete rendue impossible. Les hommes ont trouve du travail dans une des mines voisines et le village detient, selon notre guide, un triste record d’alcoolisme. L’ancienne eglise de pierre pleine de charme a elle aussi ete abandonnee quand la compagnie miniere a genereusement offert la construction d’une eglise toute neuve et plus solide. Nous meditons sur les consequences du progres dans ce petit village perdu et repartons pour des horizons plus sauvages afin de nous changer les idees.

Apres une bonne grimpette sur une piste d’abord de sel (et oui, le salar n’est pas loin) puis de terre battue, nous nous garons un peu avant un col et poursuivons la promenade a pied. Arrives au col, une surprise nous attend et nous restons bouche bee : juste en contrebas s’etend une lagune bleu roi contrastant avec l’herbe rase et jaunie de l’altiplano. Dominee par les volcans saupoudres de neige pour certains, bordee d’une plage de sel immaculee, elle est majestueuse. Le paysage ressemble a une aquarelle, les contours et les couleurs se detachent sous le ciel si pur d’altitude. Le temps se couvre rapidement et le froid s’installe mais heureusement le soleil brille encore et fait resplendir l’eau du lac. Nous marchons un peu et apercevons alors la seconde lagune : les jumelles Miscanti et Miniques ne sont separees que par un petit col et leurs eaux communiquent de maniere souterraine. Leurs deux ovales se completent a merveille et le paysage n’en est que plus beau. Notre guide nous entraine dans une belle balade a pied qui n’etait pas prevue au depart, contournant la premiere lagune pour atteindre la deuxieme. Nous avons le souffle court a cette altitude et je suis incapable de monter plus de quelques metres sans devoir faire une pause avant de m’etouffer. Mais notre guide, infatigable, nous captive par ses explications sur le monde etrange de l’altiplano qui nous entoure. S’allongeant sur le sol pour nous montrer le lit creuse par une vigogne endormie ou nous racontant comment une famille vigogne se cree des toilettes en plein air en decidant de toutes faire leurs crottes au meme endroit, il nous amuse suffisamment pour que nous ne sentions pas la fatigue. Nous qui nous demandions ce que les pauvres vigognes pouvaient manger sur le plateau desole qui leur sert d’habitat, nous decouvrons qu’elles se nourrissent de pierres... ou presque puisqu’elles consomment une sorte de champignon microscopique qui ressemble a s’y meprendre a un petit caillou ! Nous profitons d’un pique nique bien merite dans le cadre le plus extraordinaire qu’y soit, en plein air avec vue sur les lagunes. L’agence a bien fait les choses et c’est un veritable festin qui nous attend meme si le vent et le froid finissent par nous chasser dans l’abri relatif du minibus.

Nous avons l’impression d’avoir vu tant de merveilles et pourtant la journee est loin d’etre terminee. Notre guide nous offre meme des arrets bonus dans ses endroits preferes, comme ce drole de canyon qui devale entre deux lacets de la route et ou nous jouons a nous perdre en sautant de rocher en rocher. Mais le dernier coup de coeur de cette riche journee sera pour l’oasis de la vallee de Jere. Alors que depuis ce matin nous nous promenons dans des paysages desertiques, ce petit village offre une richesse insoupconnee, celle d’une petite riviere donnant naissance a une etonnante oasis. Entouree de dunes de sable dignes du Sahara, au milieu d’un des endroits les plus arides au monde, la vallee ou coule la riviere a ete equitablement partagee entre les villageois en autant de petits vergers individuels. La vegetation est luxuriante, l’endroit frais et agreable apres la chaleur seche des environs. Les arbres fruitiers de toutes sortes sont bien garnis en fruits tropicaux et la balade au milieu de toute cette verdure est bien agreable. Nous grimpons sur la falaise qui domine les environs d’ou la vue est encore plus etonnante : l’oasis forme une veritable tranchee verdoyante contrastant avec le sable et les roches environnants. C’est depuis ce point que nous realisons combien une coulee d’eau dans le desert peut changer radicalement la vie des habitants ! Nous terminons la journee aussi bien que nous l’avons commencee, en contemplant le beau coucher de soleil sur les volcans alignes a l’horizon. Decidement, les paysages aux environs de San Pedro de Atacama sont vraiment extraordinaires, nous avons presque l’impression d’avoir vu trop de beautes en une seule journee, un endroit magnifique chassant l’autre. Demain, c’est promis, ce sera un peu de repos !

Jour précédent : De merveille en merveille Sommaire : Chili Jour suivant : Un peu de velo sur la lune