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Tout l’or de Potosi n’y changera rien

Mardi 26 Juin, Potosi

Nous nous réveillons en petite forme ce matin : le mal de gorge de Thibaut ne s’arrange pas et le voilà en plus fiévreux, quant à moi des maux de ventre m’ont tenue éveillée une bonne partie de la nuit. Nous nous faisons quand même violence pour sortir de notre pile de couvertures et nous motivons pour aller visiter la ville. Pas de chance, il est déjà tard et nous avons raté la dernière visite du matin de la Casa de la Moneda, le musée que nous souhaitions visiter. Nous partons donc nous balader un peu dans la ville mais notre moral ne remonte pas vraiment, loin de là. Nous errons dans les rues plutôt désertes et sans grand charme à la recherche d’églises censément très jolies, qui s’avèrent fermées quand nous les atteignons enfin. Le marché, minuscule, n’est pas beaucoup plus intéressant et quant au centre commerçant nous l’avons déjà parcouru en long et en large hier. Comme en plus, le ciel est obstinément gris et que le froid n’incite pas à la flânerie, nous voici vite revenus à notre point de départ, un peu désoeuvrés. Moi qui attendais tant de la Bolivie et souhaitais prendre mon temps pour découvrir ce pays qu’on m’avait décrit comme particulièrement fascinant, je n’arrive décidément pas à éprouver de coup de coeur pour les différents endroits que nous traversons. La froideur des personnes rencontrées, à l’image de celle du climat, ne m’y aide en rien : très souvent, nous avons l’impression de déranger, on répond du bout des lèvres à nos bonjours ou on ignore nos questions, nous avons finalement très peu de contact avec les habitants et, après le naturel volubile et accueillant des Péruviens, cela nous manque cruellement. La vie est dure ici et le chacun pour soi semble régner en maître, que ce soit entre habitants ou vis à vis des touristes. Comme les villes et les paysages ne sont pas particulièrement exceptionnels non plus, cela me laisse une impression très mitigée.

Nous tentons de nous remotiver en début d’après midi en arrivant ponctuellement pour les premières visites de la Casa de la Moneda. Nous avons même droit à une guide parlant français et cela tombe bien vu la richesse des objets exposés. Richesse, c’est d’ailleurs le cas de le dire, puisque nous sommes dans l’ancien Hôtel des Monnaies, l’endroit où toutes les pièces d’or et d’argent étaient frappées au temps de l’empire espagnol. Le Cerro Rico (montagne riche ! voici un nom bien trouvé) qui domine la ville de sa forme parfaitement conique est exploité depuis l’époque des conquistadores, qui asservirent les indiens pour les faire travailler dans les mines. Les mines de Potosi ont fourni des richesses inouïes à l’Espagne coloniale, richesses qui étaient méticuleusement pillées sans la moindre retombée pour la population locale, à part les colons bien sûr. Nous visitons l’ancien bâtiment maintenant désaffecté et transformé en musée. La Vierge de la montagne, le tableau emblématique de la ville montrant la sainte Vierge transformée en Cerro Rico, est parti en voyage pour une exposition aux Etats Unis et je suis bien déçue de ne pouvoir l’admirer. Heureusement nous nous rattrapons avec la suite de la visite, passionnante. Nous sommes impressionnés par les énormes presses de bois qui servaient à aplatir l’or pour en faire des pièces ainsi que par les laminoirs et la fonderie, aux murs encore couverts de suie. Pièces anciennes, coffres de bois peints, tout respire l’opulence d’une époque peut être pas si révolue où les richesses de la Bolivie partaient enrichir les nations occidentales.

Nous sortons ragaillardis de cette visite et achevons de nous réconforter devant un bon chocolat chaud et quelques pâtisseries, le froid étant déjà de retour. Ce soir, nous retrouvons Morgan et Virginie, de retour du Salar de Uyuni et que nous croisons à nouveau. Ils nous racontent leurs mésaventures, de la rencontre avec un médecin bolivien aux pratiques un peu expéditives jusqu’à la tempête de neige dans le salar, décidément ces derniers jours ont été mouvementés. Après leur récit, qui fait suite à de nombreux témoignages d’autres voyageurs évoquant les mêmes problèmes, nous sommes un peu perplexes quant à notre prochaine visite dans le Salar. La désorganisation chronique des agences de voyage boliviennes semble avérée, voitures en panne, guides complètement perdus dans le désert, problèmes multiples et variés, ce ne serait pas si grave si ces régions n’étaient pas aussi hostiles. Nous n’avons que moyennement envie de partager de telles galères, même si les paysages en valent certainement la peine et décidons d’être très prudents dans le choix de notre circuit. En attendant, nous nous fixons rendez-vous demain matin pour une visite des mines. Nous étions hésitants quant à cette visite, craignant le voyeurisme, mais nous nous sommes finalement laissés convaincre.

Messages

  • Bon, même s’il est vrai que cet article est vieux d’un an presque et demi, si ça peut vous consoler, avec 15 mois de retard, nous aussi nous avons avons souffert du mal des montagnes à Potosi, pesté contre l’altitude et contre le froid mordant qui donne envie de rester inerte toute la journée, sous 5 couches de couvertures.
    Et pour vous consoler encore plus, sachez que nous n’y avons visité ni la Casa de la Moneda, ni la mine !! trop mal en point pour apprécier quoi que ce soit... mais ce récit radiobloglooser est pour plus tard sur notre site... si toutefois nous parvenons, avant de rentrer en France, à rattraper un retard chaque jour croissant.
    Delphine et Alexis

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