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Les vestiges de la colonisation

Dimanche 7 et Lundi 8 Janvier, Don Khone

Nous sommes reveilles tot par la lumiere qui filtre a travers notre immense baie vitree. Ca tombe bien, nous avions prevu d’aller nous promener et vu la chaleur qu’il fait deja tot le matin, mieux vaut ne pas trainer. Nous partons a la decouverte des quelques modestes vestiges laisses par les dizaines d’annees de colonisation francaise au Laos et plus particulierement a Don Khone. La France de l’epoque ne s’est jamais vraiment interessee au Laos, ce pays beaucoup moins riche que ses voisins cambodgien ou vietnamien. La presence francaise etait essentiellement strategique, pour se premunir d’une invasion via la Thailande. Ainsi le Laos a ete finalement peu developpe et les traces de la presence francaise sont finalement assez eparses. Sur l’ile, elles se limitent a quelques vieux batiments malheureusement a moitie en ruines faute d’entretien et aux vestiges de l’ancienne voie ferree. Les vieilles batisses coloniales du village sont pourtant belles et pourraient facilement etre transformees en musee ou en hotel mais apparemment personne n’a eu l’idee ou les fonds necesaires.

La ligne de chemin de fer fut construite par les francais entre l’ile voisine de Don Det, reliee par un pont, et l’extremite sud de Don Khone. Cette portion de Mekong n’est pas navigable a cause des cascades et les bateaux etaient donc decharges en amont sur des trains apportant le chargement en aval ou d’autres bateaux pouvaient prendre le relais. Ces quelques kilometres ingenieux de voie ferree permettaient ainsi d’utiliser le Mekong pour transporter les marchandises du Cambodge voisin au Laos. Aujourd’hui, cette ligne a ete completement demantelee, les villageois emportant rails et traverses pour les reutiliser. Il n’en reste que deux pauvres locomotives rouillant tranquillement dans les champs voisins, un sentier bien plat ou l’on distingue encore les cailloux du ballast la ou se trouvait la ligne et les installations portuaires pour le chargement des bateaux a ses deux bouts. Nous pensions que cette balade de quelques kilometres sur terrain plat serait facile mais finalement les cailloux pointus et la chaleur accablante nous epuisent. Cela valait quand meme la peine puisque, arrives au bout, en plus du petit village typique que nous traversons, nous decouvrons une vue superbe sur le fleuve. Le delta du Mekong extremement large le fait presque ressembler a un lac interieur et ses eaux bleues brillent sous le soleil. Au loin, nous distinguons la cote du Cambodge et nous admirons le calme de ce paysage, eau et ciel immobiles et uniformement bleus. Les ruines du port, seul temoin de l’occupation francaise, donnent une impression melancolique a voir la nature reprendre peu a peu ses droits sur ces constructions maintenant abandonnees. Nous ne croisons personne a part de rares touristes, cet isolement ajoutant encore au caractere sauvage de l’ile.

L’isolement, ce n’est pas ce qui caracterise Don Det, l’ile jumelle voisine transformee en royaume des backpackers. Notre promenade le long de la cote revient a visiter une succession de guesthouses et restaurants ponctuees des quelques maisons des habitants. Partout, on construit, sciant du bois et montant hativement restaurants ou huttes pour retirer une petite part de la manne touristique. L’impression de trop plein culmine dans le village principal de l’ile ou pas un espace n’est laisse libre et ou des files de touristes en velo ou a pied arpentent l’unique rue. Decidement, nous preferons notre ile, beaucoup plus tranquille meme si les touristes commencent aussi a s’y presser. Heureusement nous decouvrons quelques coins plus authentiques sur la cote ouest de l’ile ou un mauvais sentier longe le Mekong avant de se perdre dans les rizieres a sec et les rares habitations.

Nous gardons la plus jolie promenade pour la fin et nous rendons a velo jusqu’aux chutes d’eau de Tat Somphamit. Bien avant d’arriver aux cascades, nous entendons leur grondement de tonnerre. Nous debouchons sur une esplanade qui les surplombe, le spectacle est au moins aussi impressionnant que le bruit. Le cours du Mekong est ici complexe et fragmente, divise entre differents bras et se frayant un chemin entre les rochers. Partout des flots d’eau bouilllonnante se pressent, creant de grands bassins avant de devaler en trombes le long des chutes de plusieurs dizaines de metres de haut. Ce n’est pas une chute d’eau mais des dizaines de cascades qui se succedent dans un paysage sauvage. Nous les longeons depuis la rive, cherchant le meilleur point de vue possible sur cette merveille de la nature qui d’ailleurs ne rend absolument rien une fois prise en photo. Tant pis, le spectacle restera dans nos tetes, nous donnant encore un autre apercu de ce Mekong decidement plein de mystere.

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