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Premieres montagnes

Lundi 20 Novembre, Kunming

Nous partons ce matin en direction des Monts de l’Ouest, montagnes situees a une vingtaine de kilometres de Kunming et abritant tout un ensemble de temples bouddhistes. Comme d’habitude en Chine, ce n’est pas aussi simple que cela le parait : notre guide n’indique qu’un numero de bus alors que le plan - tout en chinois ! - que nous avons achete forts de notre experience pekinoise mentionne plusieurs bus nฐ 6 avec des destinations differentes. Comme ce meme guide (grr) indique le nom du village ou nous devons descendre mais pas sa traduction en caracteres chinois, nous nous retrouvons , dictionnaire a la main, a essayer de traduire ce nom pour voir s’il correspond a ce qui est indique sur le bus. Ayant reconnu un caractere sur les deux (!), nous estimons que cela represente une probabilite suffisante et grimpons a bord du bus, croisant les doigts pour que notre arret soit bien son terminus et que nous trouvions la suite de la balade. Apres plusieurs kilometres dans les faubourgs de la ville puis dans ses zones industrielles, sans la moindre montagne a l’horizon, nous commencons a desesperer mais le bus nous depose finalement dans un endroit qui est indubitablement le bon : plusieurs minibus attendent les touristes en vadrouille tandis que moults panneaux et plans nous disent tout sur les Monts de l’Ouest. Decidement, on pouvait compter sur le sens de l’organisation chinois et leur volonte de baliser le moindre site touristique pour ne pas se perdre !

Les temples que nous voulons visiter sont echelonnes a flanc de montagne et accessibles par quelques kilometres de marche a pied sur une belle route en lacets ou pour les plus flemmards par minibus. Nous choisissons sans hesiter la marche et partons d’un bon pas, contents de retrouver un peu de nature et d’air frais apres plusieurs semaines passees dans de grandes villes. Le paysage n’est pas tres depaysant, de belles forets bordent la route de part et d’autre et seules les nombreuses inscriptions en chinois nous rappellent que nous ne sommes pas dans les Alpes. Nous arrivons bientot a un premier temple ou deux employees s’occupent l’une de nous vendre le ticket d’entree, l’autre de le poinconner religieusement, ceci alors que nous sommes les deux seuls touristes a l’horizon. Ca c’est sur, les chinois ont trouve comment reduire le chomage ! Ce temple du Pavillon Majestueux (ah les noms chinois, quel bonheur !) est d’apres notre guide celebre pour ses 500 arhats, ce qui dit comme ca ne nous avance pas vraiment. Nous parcourons les differents pavillons avec leur lot habituel de dragons, de tuiles vernissees, de monstres aux affreuses grimaces gardant l’entree et de batons d’encens fumant, a la recherche de 500 je-ne-sais-quoi, censement immanquables, et qui devraient quand meme se remarquer. Nous comprenons de quoi il s’agit en entrant dans le dernier batiment : sur les murs, autour de plusieurs Bouddhas se presse une foule de personnages de toutes les sortes et aux occupations variees. Ce sont donc eux les arhats, des statues des differents disciples ou compagnons de Bouddha ! Je me delecte de cette bande dessinee en 3 dimensions, amusee par les situations comiques et l’imagination du sculpteur : certains disciples chevauchent un cochon ou un poisson geant, d’autres semblent avoir abuse du bon vin dont ils tiennent une coupe a la main, certains sont representes avec un bras geant montant jusqu’au plafond et retenu par une ficelle, d’autres avec une barbe leur tombant jusqu’aux pieds et toutes les professions sont la, du petit conducteur d’ane au dompteur de tigres.

Nous reprenons ensuite notre promenade en direction du temple suivant et en profitons pour nous accorder une pause pique nique au soleil. Kunming est censee etre la ville de "l’eternel printemps" avec son climat doux et agreable en toute saison malgre les 1800m d’altitude mais pour l’instant nous trouvons le printemps un peu rude, etant obliges de sortir pulls et polaires. Moi qui me rejouissais de retrouver soleil et chaleur apres le froid de Pekin, je crois qu’il va me falloir attendre de descendre plus au sud ! Le temple de la Splendeur Supreme (c’est les chinois qui le disent), notre 2e etape, est malheureusement en travaux. Et quand je dis travaux, cela donne une fausse idee de la renovation a la chinoise. Ici aucun respect pour les vieilles pierres ou plutot le vieux bois, pas de volonte de preserver l’ancien a tout prix et de renover en douceur comme chez nous. Non, non, renover un temple consiste a detruire tout ce qui est abime pour le reconstruire de neuf a l’identique ou en tout cas le mieux possible. Tout le toit du temple a ete rase et, pendant que des charpentiers sont occupes a poser des poutres neuves, des sculpteurs copient les frises et decorations anciennes dans de nouveaux morceaux de bois. Des rangees de petits dragons de ceramique, eux aussi tout neufs, attendent sagement dans un coin d’etre poses sur leur nouvel habitat. Nous comprenons maintenant l’aspect trop clinquant et artificiel des temples venant d’etre renoves : ils sont en fait reconstruits totalement et ce meme dans les sites les plus celebres, comme la Cite Interdite ou le Temple du Ciel ! A defaut de temple, nous profitons bien des jardins, typiques de ce que nous imaginions des jardins chinois : etangs aux eaux sombres, pavillons aux tuiles vernissees s’y refletant et vieux arbres et sentiers de pierre agrementant le paysage.

Le ciel s’est malheureusement assombri et nous nous inquietons pour la suite de la journee. Il nous reste a voir un ensemble de 11 temples et oratoires etages a flanc de colline et particulierement anciens. Malheureusement, quand nous arrivons sur le site, les premieres gouttes de pluie commencent a tomber, nous faisant d’autant moins regretter de ne pas avoir pris le telesiege special chinois fatigues qui nous aurait permis de grimper directement au sommet de la colline. Nous poursuivons un peu notre chemin par un sentier bien pentu mais l’aspect du ciel n’est pas engageant et nous preferons faire demi tour. Voulant eviter une bonne douche, nous sacrifions a la flemme generale des chinois qui semblent detester la marche a pied et nous offrons un minibus pour redescendre jusqu’a notre point de depart. Nous rentrons a l’hotel sous quelques gouttes de pluie, qui se transforment en bonne averse bien dense a l’heure d’aller diner. Ca tombe bien, nous avions prevu d’aller dans un restaurant a cote de l’hotel mais quand meme, pour l’eternel printemps, c’est encore rate ! Esperons que ce mauvais temps se dissipera d’ici demain.

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