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L’autre côté du monde

06 Juin 2005

La vie au bout du monde commence à s’organiser... petites réflexions en vrac de la géographie aux spécialités culinaires.

La Nouvelle Calédonie n’est pas un pays très dépaysant au premier abord. A part les paysages, magnifiques, on se sent comme en France à Nouméa. Ce n’est qu’à des petits détails que l’on se rend compte que le Caillou, comme on surnomme l’île, est finalement très différent.

Déjà c’est une question de géographie : ici on est dans le Pacifique. Ce n’est pas l’Asie, ni l’Afrique, ni l’Amérique ou toute autre entité facile à appréhender, mais une zone un peu mystérieuse et surtout méconnue à nos yeux d’Européens. Et oui, aux yeux des gens d’ici, nous ne sommes pas Français (puisqu’ils le sont aussi), ni métropolitains (qui a un sens péjoratif) mais tout simplement européens... d’ailleurs le Oui l’a emporté largement au référendum du 29/05, par plus de 70%, les calédoniens estimant que l’Europe est une chance pour la France et donc pour eux.

Les quelques touristes qui visitent la Calédonie sont essentiellement des Japonais ou des Pokens (terme utilisé ici pour désigner tout anglophone, essentiellement australien, venant de l’expression "english spoken" transformé en "poken"... mignon non ?), ce qui donne la surprise de voir l’essentiel des panneaux d’information ou des menus de restaurant traduits en anglais (normal) et en japonais !
Le décalage continue au supermarché : une fois passé le choc dû aux prix (quasi tout est importé donc très très cher, voire exorbitant !), on trouve pêle mêle dans les rayons des produits français bien d’cheu nous et d’autres aux étiquettes bizarres venant d’Australie ou de Nouvelle Zélande. Les fruits et légumes portent généralement pudiquement une simple étiquette "importé" évitant de préciser par quel trajet délirant ils sont passés (mais en fouillant un peu j’ai découvert que les asperges venaient des Etats Unis et les pommes de Nouvelle Zélande... on comprend mieux leur prix). Et puis, une fois à la caisse, je surprends une conversation entre les clients et la caissière, se plaignant que "ça y est l’hiver est là, c’est déprimant, il commence à faire froid et il fait déjà nuit à 17h quand je sors du travail, pfouh j’aime pas ça". Bon, relativisons, il fait entre 20 et 25°, soit à peu près la même température qu’en France en ce moment, le soleil se couche à 17h mais se lève à 6h, et l’eau est encore à 24° (même si bientôt les gens d’ici ne vont plus se baigner, la jugeant trop froide) !
Le midi, les conversations de bureau se font autour de "barquettes" (plat + riz dans une barquette en plastique, je traduis pour les zoreilles !) qu’on est passé chercher chez le Vietnamien du coin. Le principal sujet est la pêche, les bateaux, le lagon et les poissons : les prix des bateaux, les réparations à y apporter, les conditions météo, les derniers modèles de barques qui tuent vus au salon du... bateau en Australie, etc, etc. La vie ici paraît plutôt tranquille : une jolie maison avec vue sur la mer, un bateau pour les "coups de pêche" du week end, et puis voilà on se prend pas la tête. D’ailleurs la plupart de ceux qui sont venus ici initialement pour y travailler un an ou deux y sont encore 15 ans après, mariés et avec des enfants qui eux sont nés ici !
Alors voilà, moi aussi je profite, et quand je dis que je trouve que le temps passe très vite, on me répond que c’est normal, que c’est l’effet que fait la vie ici parce qu’elle est tellement agréable, et que c’est comme ça qu’on se retrouve à n’être jamais reparti 15 ans après !!!

Vendredi soir j’ai découvert la vie nocturne de Nouméa, invitée par des collègues de boulot qui sortaient avec femmes et amis. De toute manière c’est pas compliqué, tout le monde se retrouve dans un ou deux bars qui font l’unanimité vu la taille de la ville. Petite particularité, ici le bar en question est sur l’eau, sur un ponton sur le lagon et si on en a marre de la musique on peut toujours guetter les poissons attirés par les projecteurs. Côté ambiance, ça a quand même un petit côté "fête sous les tropiques" avec la jeunesse BCBG de Nouméa qui vient exhiber son bronzage ; côté musique, et bien ma foi, le kitch prédomine toujours puisque l’enchaînement des morceaux permet de passer de REM aux Têtes Raides, via les chansons paillardes, Carlos, les standards années 50 du rock et Edith Piaf !!! Mais bon, il faut dire que c’est le seul endroit au monde où sur RFO (radio publique équivalent de notre France Inter) j’ai entendu Dorothée (la vraie, celle de notre jeunesse pour ceux qui sont aussi vieux (ou jeunes) que moi) à 10h le matin entre deux tubes plus actuels !

Il est vrai aussi qu’une des particularités du coin à mes yeux est le goût pour le kitch, le naïf, tout ce qu’on n’oserait pas chez nous. C’est particulièrement flagrant dans la pub et la communication. Exemple : soirée spéciale jeudi dernier en centre ville dans le cadre des Journées de l’Environnement. Son intitulé "ma tribu, mon village, ma ville, un bon geste pour ma planète !" (avec l’affiche qui va avec). Je sais pas vous, mais moi ça m’a fait sourire !
Autre exemple : on crée une société qui extrait du nickel. Dilemme, comment va t’on l’appeler ? C’est pas compliqué : la SLN - Société Le Nickel, bien sûr. Et 50 ans après, quand une concurrente vient s’implanter sur le territoire au lieu dit Goro, pour que les gens s’y retrouvent on appelle ça "Goro Nickel". J’vous jure, ce gaspis en budgets publicitaires en métropole !

Sinon, petit aparté culinaire, pour tous ceux qui m’interrogent sur les spécialités gustatives du coin : et bien, vous allez être déçus, pour l’instant, rien d’extraordinaire. A part des restaurants chinois ou vietnamiens bien plus authentiques que chez nous, la plupart des restaurants servent de la cuisine française avec peu de spécialités. Les seules curiosités viennent de la mer et permettent de goûter des poissons inconnus chez nous : mahi mahi (prononcer maï maï ou vous aurez l’air aussi ridicule que moi la première fois), vivaneau, pouate, bec de cane et autres poissons perroquets (mais ceux là je les mange pas ils sont trop jolis)... ben pourquoi Word souligne tous mes mots en rouge, d’un coup ? Beaucoup de spécialités de poissons crus aussi : salade tahitienne (poisson cru mariné dans du citron), carpaccio et sashimis, tartares et des recettes assez inattendues et que je n’aurais pas osées (exemple, le crabe aux morilles... ben, finalement c’est très bon).

Voilà, pour conclure quelques photos pour vous convaincre du charme de la vie ici (non, j’ai pas de photo de Paris Hilton en string, je parlais pas de ce charme là) :

- Nouméa vue du ciel... ou plutôt des collines environnantes.
Première photo : la baie de l’Orphelinat , le port et une des presque îles ;

Seconde photo : le quartier de l’Anse Vata sur lequel veillent les pins colonnaires, espèce typique du Pacifique (et très jolie)

- Les couchers de soleil doivent être subventionnés par l’Office du tourisme, c’est pas possible autrement... et pour vous achever, je précise que les deux photos qui illustrent l’article ci-dessus ont été prises de la fenêtre de ma chambre d’hôtel (non, ça va, ce ne fut pas trop fatigant)

-  La routine du week end à l’Ile aux Canards : ciel bleu, mer bleu, tout va bien,

pause déjeuner prévue sous le grand faré

aperçu de la plage, déserte comme d’hab
et enfin, contrairement aux apparences, la photo ci-dessous n’a pas été prise à l’aquarium de Nouméa mais au bord de la plage avec mon pote le poisson perroquet qui vient vous faire coucou !

-  La faune locale (au jardin zoologique) : contrairement aux apparences, les espèces de saucissons qui pendent nonchalamment au soleil sont bien vivants. Il s’agit de roussettes, une chauve souris locale, et la comparaison avec le saucisson n’est pas innocente puisque cette brave bête se consomme en civet. Ceci dit, plus trop envie de la manger, c’est trop mignon : il faut la voir cligner des yeux au soleil et se draper dans ses ailes comme sous une couverture.

Messages

  • Juste un détail : où sont le photos citées dans l’article ?

    fallait bien que je trouve un truc à redire !! :o)
    Sinon le style d’ecriture est très bien : descriptif, pas ennuyeux du tout et marrant

    Millie, je pense que tu vas passer trop de temps à écrire vos aventures de voyage !

    Electron

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