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Premiers vertiges de l’altitude

Dimanche 6 Mai, San Pedro de Atacama

Nous avons reserve il y a deja quelques jours nos billets de bus pour le Chili, au depart de Purmamarca, un village voisin de Tilcara. Leves tot, nous avalons vite une tasse de the gentiment preparee pour nous par les proprietaires de l’hotel et filons a la gare routiere attendre le bus qui doit nous conduire a Purmamarca. Je m’inquiete un peu car la seule compagnie a avoir un depart aussi tot le matin ne prend meme pas la peine d’ouvrir son guichet a la gare et il ne reste plus qu’a esperer que le bus passera bien a l’heure prevue, surtout que nous ne tenons pas a rater notre correspondance. Heureusement, bien qu’un peu delabre, le bus est ponctuel, nous voila rassures. Peu avant, nous avions contemple avec etonnement certains des vehicules improbables venus chercher des passagers ici pour grimper un peu plus haut dans la vallee, au look a mi chemin entre camion et bus et a l’age sans aucun doute canonique. A cote de ca, le notre a presque l’air luxueux et nous conduit sans encombre a destination. Nous attendons notre bus sur l’accotement au bord de la nationale en compagnie de quelques autres touristes egares. Nous avons de la chance, puisque, des deux compagnies assurant la liaison, la notre est la plus ponctuelle avec seulement 30 minutes de retard. Nous abandonnons le reste des touristes a leur vaine attente et montons dans un bus cette fois tout confort ou nous avons en plus la chance d’avoir les places du premier rang avec vue panoramique sur les environs.

Cela tombe bien, la route promet d’etre belle. Nous commencons par la montee vertigineuse de la Cuesta de Lipan dont j’essaie de denombrer les lacets avant de perdre le compte apres une bonne cinquantaine de virages. Les vehicules arrivant en contrebas ressemblent a de minuscules jouets perdus dans une courbe sans fin. Peu apres, une etendue blanche miroite au loin : ce sont les salines, qui nous avaient deja eblouis il y a deux ans, immense etendue de sel de part et d’autre de la route. Mais cette fois, contrairement a notre dernier voyage, nous ne faisons pas demi tour et poursuivons la route a travers les salines, satisfaisant enfin a ma curiosite de voir ou un tel itineraire pouvait bien conduire. Nous sommes quand meme a pres de 4000 metres d’altitude, sur un plateau desole ou nous ne croisons personne a part quelques camions, les employes des salines et de rares habitants des quelques villages. Nous traversons la petite ville de Susques, perdue dans les rigueurs de l’altiplano, et atteignons le Paso de Jama, col a 4300 m marquant la frontiere entre Argentine et Chili. Nous descendons du bus pour les formalites, surpris par l’air glacial et coupant et le souffle rendu court par l’altitude. Bizarrement, seule la police argentine est presente ici, c’est apparemment une fois a San Pedro que nous ferons les formalites d’entree au Chili.

La route est toujours aussi belle et continue dans d’impressionnants paysages desoles de montagnes. Le trajet va durer pres de 7h mais pour une fois nous ne voyons pas passer le temps, captives par le spectacle apercu par les vitres. Au loin, se devinent nos premiers volcans, comme dessines par un enfant sur l’horizon avec leurs cones parfaits. Certains culminent a plus de 6000m et sont legerement enneiges, nous donnant a voir un paysage presque irreel. Apres plusieurs heures en altitude, nous entamons enfin la descente vers San Pedro de Atacama, situe a "seulement" 2300 metres. Le village se devine au loin, petites maisons couleur poussiere au milieu de quelques arbres, entoure par du desert a perte de vue. Nous accomplissons enfin les formalites d’entree au Chili dans une cahute peu accueillante situee a l’entree du village. Un fort vent venu du desert souffle des rafales de poussiere qui nous aveuglent et dont nous essayons de nous proteger a l’interieur du batiment. La douane ne plaisante pas, toute importation de legumes, fruits, bois, produits frais etant interdite pour raisons sanitaires nous avons droit a une fouille en regle de nos sacs a dos. Une douaniere plutot reveche renverse en vrac tout le contenu du mien sur un comptoir poussiereux avant d’inspecter avec suspicion mes differentes affaires. Quand elle a enfin termine, j’essaie tant bien que mal de ranger a nouveau mon sac dans lequel elle a entasse n’importe comment ce qu’elle avait sorti. Pendant ce temps, sa collegue pouffe et appelle les autres douaniers pour voir tellement elle trouve drole le rangement parfait en differentes boites et pochettes du sac de Thibaut. Pour l’accueil au Chili, on pouvait faire mieux !

En descendant enfin du bus dans le village, nous avons l’impression de penetrer dans un four. Nous ne sommes plus habitues a la chaleur et surtout l’air est extremement sec, creant une sensation etrange sur la peau. Le vent souffle toujours en rafale, soulevant des nuages de poussiere et rendant notre progression peu agreable. Le village semble tres frequente et nous avons du mal a trouver un hotel, plusieurs etant complet. Heureusement, la proprietaire de l’un vient a notre secours, appelant ses collegues voisines pour essayer de nous trouver une chambre. Nous denichons ainsi une jolie chambre toute neuve dans une petite pension familiale qui vient d’ouvrir. Jardin et hamac nous attendent tandis que la proprietaire nous accueille chaleureusement et que nous essayons de comprendre quelque chose a l’accent d’ici, les chiliens ayant la facheuse habitude de parler a toute allure en mangeant leurs mots. Il va falloir s’y faire, nous ne sommes plus en Argentine !

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