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Frayeurs nocturnes

Dimanche 17 Juin, Coroico

Après un agréable repas maison dont l’odeur a même attiré un chat qui passait par là, nous nous sommes couchés hier soir en pensant passer une bonne nuit dans notre jolie petite maison. Hélas, la solitude a aussi ses défauts, que nous allons vite découvrir à nos dépens. En pleine nuit, nous sommes réveillés en sursaut par des bruits de pas et de voix. Loin de s’éloigner, ceux-ci deviennent de plus en plus fort et nous distinguons bientôt la lumière de lampes de poche qui traverse les fins rideaux couvrant nos immenses baies vitrées. Les intrus quels qu’ils soient se rapprochent, les voici maintenant en train de marcher sur notre terrasse jusqu’à notre jardin. Je n’ose plus bouger et ne cesse de demander à Thibaut qui sont ces rôdeurs et ce qu’ils font là (le pauvre, comme s’il en savait quelque chose !). Avec le bruit qu’ils font, il y a bien peu de chances que ce soient des voleurs mais je ne peux pas m’empêcher de penser à toutes les histoires horribles entendues sur la Bolivie et à l’hostilité supposée des habitants des Yungas envers les Occidentaux, assimilés aux gringos américains qui leur interdisent la culture traditionnelle de la coca. Les quelques minutes que passent nos intrus autour de notre maison me semblent durer des heures jusqu’à ce qu’enfin, après quelques rires et jurons que nous ne comprenons pas, ils fassent enfin demi tour et s’éloignent dans la nuit. C’était très vraisemblablement d’autres touristes de notre hôtel qui se sont perdus dans les petits sentiers reliant les différents bungalows et qui ne retrouvaient plus le leur dans l’obscurité après quelques verres de trop mais voilà, après ce réveil en sursaut, je ne peux m’empêcher de frissonner et n’ai pas du tout envie de me rendormir.

La nuit ne sera de toute manière pas très bonne puisque je suis réveillée quelques heures plus tard par un fort mal de ventre. Pourtant nous avons cuisiné nous mêmes hier soir, en prenant soin de laver tous les légumes à l’eau bouillie avant de préparer notre salade mais il semble que mon estomac ait décidé de protester quand même contre d’hypothétiques mauvais traitements. Décidément la Bolivie ne semble pas lui réussir, nous n’avions déjà pas très faim et un peu mal au ventre à La Paz et voilà que ça recommence (un effet de l’altitude ?). Pas de chance pour moi, les toilettes sont dehors et après notre frayeur de tout à l’heure je n’ai pas du tout mais alors du tout envie de déverrouiller la porte et de me risquer à l’extérieur du bungalow. Thibaut me sert de garde du corps et je finis par m’habituer à sortir dans l’obscurité puisque je me relèverai encore de nombreuses fois cette nuit là. Autant dire que le réveil tardif le lendemain matin ne me trouve pas en très grande forme. Heureusement, tant qu’à être malade, me voici pour une fois dans un endroit confortable où je peux boire quelques litres de thé au long de la matinée et cuisiner un peu de riz en guise de déjeuner, en espérant que cela aide mon ventre à se remettre.

Thibaut finit par se lasser de ce repos forcé et je me hasarde à pointer le bout du nez dehors pour une petite balade sur la colline au dessus de l’hôtel. Le sentier étroit grimpe sec à travers la végétation basse et nous offre quelques points de vue supplémentaires sur la vallée, la route de la mort qui serpente au loin et même un ou deux sommets enneigés qui pointent le bout de leur nez à l’horizon. Sachant que nous sommes déjà à 2500 mètres, ce que nous avons du mal à réaliser dans cette ambiance tropicale, leur hauteur doit être impressionnante. Je n’ai pas le courage de marcher très longtemps et nous voici vite de retour au bercail où je retrouve avec plaisir un bon livre et le hamac. Espérons que cela ira mieux demain après cette journée de pause et surtout que nous dormirons mieux ce soir !

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