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Un peu plus au Nord

Vendredi 8 Decembre, Muang Sing

La journee commence mal puisqu’en remettant mon pantalon que j’avais jusqu’ici laisse dans la chambre je me rends compte que ma poche est ouverte et que l’argent que j’y avais laisse a disparu. Nous avons pour habitude de ranger tout notre argent (ainsi que les passeports et autres documents precieux) dans nos ceintures secretes portees sous les vetements mais, hier, devant la liasse impressionnante de billets qu’a represente notre change, j’en ai exceptionnellement glisse une poignee dans ma poche. Nous refaisons les comptes avec Thibaut et verifions plusieurs fois, au cas ou nous aurions range cet argent ailleurs mais devons nous rendre a l’evidence : nous nous sommes bien fait voler. Heureusement la somme en question n’est pas importante, a peine une vingtaine d’euros, mais dans ce voyage ou nous surveillons nos depenses pour essayer de respecter notre budget, cela nous fait mal au coeur. Je suis encore plus furieuse a l’idee que quelqu’un (femme de menage ? autre client profitant d’une porte ouverte ?) est entre dans notre chambre et a peut etre fouille nos affaires. Nous qui etions tres content de notre hotel, nous le quittons en jurant de ne pas y remettre les pieds. Bizarrement cela nous arrive au Laos, un pays qui nous semblait beaucoup plus calme et sans risque que ses voisins, nous rappelant ainsi qu’il vaut mieux etre sur nos gardes.

Finalement, cela tombe bien que nous ayons decide de partir aujourd’hui, cela nous evitera de ruminer nos mauvaises impressions. Apres beaucoup d’hesitations, nous avons decide d’aller jusqu’a Muang Sing, petite ville situee tout au nord du Laos, dans les montagnes bordant la frontiere avec la Chine. Cette ville connait un grand succes aupres des voyageurs, puisque tous ceux avec qui nous avons partage notre bus avant hier ont file directement la bas sans un regard pour Luang Nam Tha. Nous craignons d’y trouver l’affluence et une ambiance un peu trop occidentale mais trouvons dommage de ne pas au moins aller voir a quoi ressemble l’endroit, peut etre les paysages sont ils plus impressionnants qu’ici. Nous testons pour la premiere fois le moyen de transport typique du Laos : le saongthew, sorte de gros pick up bache, muni a l’arriere de deux longs bancs ou s’entassent les passagers. Bizarrement, ce n’est pas aussi inconfortable que je le craignais, un peu traumatisee par nos trajets chinois. Si l’on excepte le froid du au vent incessant dans la benne ouverte aux courants d’air, la route est plutot bonne et nous ne sommes pour une fois pas entasses. Les paysages traverses vaudraient le coup d’oeil si toutefois nous arrivions a faire plus que les entrapercevoir entre les passagers et la bache. Nous voyageons le long d’une jolie riviere, a travers une vegetation exuberante et les lacets de la route offrent de beaux points de vue. Nous sommes un peu decus par l’arrivee a Muang Sing. Alors que nous pensions trouver une ville blottie dans les montagnes, nous arrivons sur un vaste plateau, avec des paysages de campagne plutot plats s’etendant au loin. Il fait d’ailleurs beaucoup plus chaud qu’a Luang Nam Tha et le soleil tape.

Nous nous installons dans une guesthouse installee dans une vieille maison coloniale datant de l’administration francaise. Notre chambre toute en bois s’ouvre sur une longue galerie bordant tout l’etage de la maison. Nous avons un grand lit abrite sous une immense moustiquaire, qui nous donne lui aussi l’impression d’etre revenus au temps des colonies. Nous partons visiter notre nouveau port d’attache mais sommes la aussi plutot decus. La ville n’est pas bien grande et, contrairement a Luang Nam Tha, n’offre pas de cafe ou restaurant agreable ou passer les heures chaudes de la journee. Nous admirons quand meme notre premier temple lao ou de jeunes moines habilles de robes orange vif sont occupes a des taches menageres consistant a balayer la cour du temple. Ils s’en acquittent avec une nonchalance toute laotienne qui nous amuse beaucoup. Ce village semble encore plus pauvre que Luang Nam Tha : des que l’on s’eloigne un peu du centre ville ou quelques maisons coloniales voisinent avec des constructions en dur plus recentes, on retrouve les petites huttes en bois sur pilotis typiques du Nord Laos. En cette fin d’apres midi, femmes et enfants reviennent chez eux en transportant sur des balanciers d’enormes seaux d’eau sans doute puises a la source la plus proche. Nous nous amusons des quelques traces laissees par la colonisation francaise. Ainsi, le petit batiment tres kitsch qui abrite la poste locale porte fierement les mots "bureau de poste" en francais dans le texte. A midi, nous avons eu la surprise d’obtenir notre addition sur une feuille de carnet toute en francais portant la mention "facture", ce qui fait drole a cote des noms des plats ecrits en caracteres laos, ces droles de spaghettis ondules indechiffrables pour nous. Nous avons aussi croise des fonctionnaires de police occupes a l’activite nationale : la petanque, avec terrain et boules aux normes s’il vous plait ! Mais la trace la plus importante de la colonisation est gastronomique (et oui, pour des francais, on s’en doutait !). Arrives ici, nous avons non seulement retrouve la baguette au petit dejeuner, un vrai bonheur apres 4 mois de pain de mie ou autre approximation, mais aussi son complement lao essentiel : la Vache qui Rit. Il s’agit bien de notre bonne vieille Vache qui Rit, avec son eternel sourire et son dessin vieillot, designe au menu des restaurants par le terme "cheese". Je suis tellement contente de retrouver un semblant de fromage apres si longtemps a en etre privee que je trouve ca delicieux et m’en regale des que possible. Finalement ca a du bon d’etre dans une ex colonie francaise !

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