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A la recherche du Grand Condor

Cabanaconde, Mercredi 23 Mai

Le réveil est encore plus rude ce matin puisque non seulement il fait encore plus froid qu’hier mais aussi il nous faut sortir du lit au petit matin pour attraper le bus de 6h30. Nos voisins d’hôtel français nous ont convaincus de ne pas rater le spectacle offert par le vol des condors au petit matin au dessus du canyon alors que nous n’étions pas vraiment motivés, inquiets de devoir supporter le flot de touristes attirés par ces oiseaux. Devant leurs descriptions dithyrambiques du ballet des condors géants au dessus de leurs têtes, nous nous sommes dit que ce serait effectivement dommage de manquer ça et avons décidé de rester encore cette nuit à Cabanaconde pour en profiter. Levés aux aurores, nous rejoignons la place du village encore brumeuse et mal éclairée et pourtant grouillant déjà de monde. Une file de dames péruviennes en beau costume s’est formée devant le bus encore fermé afin de s’assurer une place assise. Chacune transporte un énorme sac sans doute rempli d’artisanat qu’elle part vendre au lieu dit "La croix du condor", là où se rassemblent les oiseaux... et les touristes ! Je prends sagement place dans la file tandis que Thibaut part en quête de notre petit déjeuner. Nous n’osons pas essayer les différents stands où l’on sert soupes ou plats cuisinés sortis de marmites fumantes qui attirent la population locale et nous rabattons sur des gâteaux secs et autres yaourts plus adaptés à nos moeurs.

Le bus n’a "que" vingt minutes de retard et repart cahin caha sur la mauvaise piste que nous avons déjà empruntée à l’aller, à part que cette fois nous pouvons profiter du paysage. Nous arrivons à la Cruz del Condor avant les volatiles du même nom, contrairement à nous les oiseaux ne sont pas idiots et ont attendu qu’il fasse un peu plus chaud avant de se lever. Malgré le panorama grandiose qu’offre ce belvèdère au dessus du canyon, l’attente nous paraît longue. Pas le moindre oiseau à l’horizon et un froid glacial qui nous pénètre malgré les multiples couches d’habits que nous portons. Les condors arrivent finalement, d’abord timidement, un ou deux oiseaux planant à l’horizon, puis beaucoup plus proches de nous. Ils profitent des courants d’air chaud ascendant en provenance du canyon pour se laisser porter dans les cieux, grimpant de quelques dizaines de mètres sans se fatiguer à battre des ailes. Le spectacle de ces immenses oiseaux planant ainsi au dessus de nous et décrivant de grands cercles sans doute à la recherche d’une proie imprudente est réellement impressionnant. Malheureusement, des dizaines de minibus de touristes sont arrivés de Chivay, le village disposant du plus d’hébergements, et l’ambiance bruyante ne colle pas vraiment avec la beauté majestueuse des condors. C’est à qui s’exclamera le plus fort et réussira la meilleure photo, ce que les condors semblent comprendre puisqu’ils nous gratifient d’un bouquet final en tournant une dernière fois juste au dessus de nos têtes avant de partir définitivement vers d’autres cieux.

Bien que ne trouvant pas le spectacle aussi extraordinaire qu’on nous l’avait décrit, nous sommes contents d’être venus jusqu’ici et décidons de profiter tranquillement du paysage en rentrant à pied au village. Comme les bus sont rares, cela nous évite également d’attendre des heures un éventuel transport. Le début de la promenade est bien agréable, nous longeons le canyon et admirons une fois de plus le paysage grandiose, ces champs en terrasses où s’activent quelques paysans, ces troupeaux de moutons ou ces ânes nous saluant d’un bruyant braiement et surtout la faille abrupte du canyon. Après une pause goûter à un belvèdère avec vue sur le village d’en face, suspendu à flanc de montagne et accessible uniquement par des sentiers, nous reprenons la route et réalisons bien vite que 10 km ce n’est rien en bus mais c’est beaucoup plus long à pied ! Les lacets n’en finissent plus, nous obligeant à de longs détours inutiles et nous hésitons à couper à flanc de colline. L’enchevêtrement de champs et de terrasses rend cependant tout repère difficile et nous renonçons à notre raccourci de peur de nous retrouver encore plus loin du village. Le soleil tape puisqu’il est maintenant midi et nous ne sommes pas fâchés de regagner enfin notre hôtel où une bonne soupe et surtout des crêpes maison achèvent de nous revigorer.

Comme nous sommes de vrais sportifs ou presque, nous repartons pour une dernière balade dans l’après midi, jusqu’à un second mirador. Nous sommes toujours aussi seuls dans ces endroits grandioses et apprécions réellement le charme de ce bout de campagne reculé. Nous rentrons au coucher du soleil avant que le froid ne tombe et nous réfugions dans notre chambre. Toute une bande de français a débarqué à l’hôtel et nos voisins, tout contents d’avoir de la compagnie, n’ont rien trouvé de mieux que de faire la fête dehors, par un froid de canard et à 3500 mètres, en buvant quelques bouteilles de rhum. Nous les laissons à leurs libations qui ne nous semblent pas vraiment appropriées à l’endroit, ni très prudentes (bonjour la migraine demain matin, voire pire) et partons dîner en espérant que le froid aura vite raison d’eux. Même si nous adorons ce village, nous avons maintenant hâte de revenir à des contrées plus civilisées où nous retrouverons un peu de confort moderne et surtout de chaleur. La campagne péruvienne c’est beau mais ça se mérite !

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