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La star du Pérou

Mercredi 30 Mai, Cuzco

Ce matin, nous partons à l’assaut du monument phare du Pérou, le Machu Picchu, cité inca très bien conservée et restée totalement inconnue aux conquistadors jusqu’à sa découverte au milieu de la jungle au début du XXe siècle. Le site est évidemment très touristique et cela ne va pas aller en s’arrangeant puisqu’il concourt au titre de "nouvelle merveille du monde", des affiches et stands d’information nous invitant à voter sur internet pour soutenir sa candidature. Pour éviter la foule des tours organisés, il est conseillé de venir tôt sur le site. Nous n’avons pas poussé l’abnégation jusqu’à prendre le premier bus à 5h30 mais nous contentons d’un réveil déjà trop matinal à notre goût pour attraper celui qui part à 7h. Nous grimpons par une belle route toute neuve en lacets qui monte sec à l’assaut de la montagne et compatissons aux difficultés que doivent rencontrer les voyageurs qui montent à pieds par un sentier incertain à la lueur d’une lampe frontale pour économiser le prix du bus (certes fort cher mais au point où on en est, de toute manière visiter le Machu Picchu impose de disposer d’un budget conséquent). Le bus nous laisse à l’entrée du site et, une fois déposé notre pique nique à la consigne et passé les différents contrôles, nous voici enfin libres de visiter le site en essayant de faire abstraction de cette exploitation touristique outrancière.

Le soleil devrait être levé mais pour l’instant nous sommes dans une épaisse brume et essayons de nous repérer pour gagner un point de vue par lequel nous voulions commencer. Ce n’est pas si compliqué, qui dit point de vue dit montée, et nous grimpons donc par un sentier raide à travers les éternelles terrasses incas. Thibaut me rattrape alors que j’allais bien entendu partir en sens exactement opposé à notre but, et nous arrivons sur une sorte de promontoire au dessus du site où quelques touristes sont déjà rassemblés. Pour l’instant on ne voit hélas absolument rien, quand tout à coup la brume se dissipe, s’effiloche l’espace de quelques secondes, nous dévoilant un panorama extraordinaire sur les ruines. On a beau avoir déjà vu des centaines de fois des photos de ces constructions incas à flanc de montagne dans les nuages, cela fait quand même un choc de les contempler en vrai, la civilisation inca revivant pour quelques instants devant nous. Nous restons là quelques minutes, la brume jouant à cache cache avec les pierres et nous offrant des panoramas toujours plus spectaculaires. Il est ensuite temps de descendre pour une visite un peu plus approfondie du site avant son envahissement par la foule des touristes qui continuent à affluer. Nous commençons par la partie "religieuse" du site, celle dont on suppose qu’elle abritait les différents temples et lieux de culte. Il faut savoir que les archéologues et historiens sont très perplexes face aux différentes constructions du Machu Picchu, ayant du mal à déterminer de manière certaine quel était le rôle de chacun des édifices et la nature des cultes incas. De nombreuses interprétations très fantaisistes ont été faites sur ces bâtiments et nous nous amusons bien en écoutant le discours de certains guides qui n’hésitent pas à broder très largement sur certaines légendes incas. Les ruines proprement dites sont certes impressionnantes, avec les éternelles pierres taillées qui battent le record du nombre d’angles, mais ressemblent beaucoup aux autres sites que nous avons visités auparavant.

Nous nous dirigeons ensuite vers la montagne voisine, celle du Wayna Picchu, qui surplombe le site. Il est possible de grimper au sommet de ce pic mais seuls 400 touristes sont autorisés chaque jour avec un comptage à l’entrée. Nous ne tenons pas à manquer notre chance et filons donc pour entreprendre cette ascension. Le chemin est une fois de plus bien raide et je manque de souffle dans l’humidité ambiante, nous ne sommes pourtant plus en altitude. Cette montée est plutôt épuisante et nous sommes bien contents d’avoir pris le bus ce matin et de ne pas avoir dans les pattes la longue grimpette vers le Machu Picchu depuis Aguas Calientes. Nous arrivons enfin en vue des murs de pierre des temples qui ornent le sommet du Wayna Picchu et la difficulté se corse un peu puisqu’il faut maintenant escalader des marches de pierre étroites et à pic pour parvenir jusqu’au sommet. Mais cela valait le coup puisque d’ici nous avons une vue imprenable sur la vallée, impressionnante tranchée entre les montagnes, et surtout sur le site du Machu Picchu. Décidément c’est d’en haut que les ruines sont les plus remarquables, enchevêtrement de murs de pierre à l’échelle d’une ville qui se fondent dans la nature et les montagnes environnantes. Nous imitons les nombreux touristes et nous offrons une pause bien méritée au sommet, je ne me lasse pas de ce spectacle à couper le souffle.

C’est bien beau d’être arrivés en haut mais il nous faut encore redescendre et je suis décidément bien fatiguée, trouvant le chemin du retour plutôt long. Pendant notre petite escapade, le site s’est rempli et grouille maintenant de touristes en groupes suivant chacun sagement leur guide. Nous nous épuisons à essayer de nous frayer un passage au milieu de cette foule, il y a tellement de monde qu’on ne peut même plus se croiser dans les rues étroites et qu’on est obligés d’attendre son tour de passage à la queue leu leu ! Comme en plus il commence à pleuvoir nous abandonnons et sortons du site pour savourer un pique nique bien mérité. Nous faisons une seconde tentative en début d’après midi, souhaitant quand même voir certaines des ruines les plus connues comme cette pierre (vaguement) en forme de condor ou la tour inca. Cette dernière possède la particularité d’être construite sur un énorme rocher aux formes tordues sur lequel les pierres du mur s’adaptent parfaitement, les incas étaient décidément des génies de l’architecture. Nous pensons avoir vu l’essentiel et faisons demi tour, il n’y a pas à dire la visite au milieu d’une telle foule est vraiment difficile et le site perd une bonne partie de son charme. Il est temps de reprendre le bus pour rejoindre la gare si nous ne voulons pas manquer notre train. Une fois les sacs à dos récupérés et le trajet à pieds jusqu’à la gare effectué, nous découvrons que Thibaut s’était mélangé dans les horaires de train et que nous avons encore une heure à tuer ! Groumpf, cela me fait râler un peu vu que nous nous sommes dépêchés depuis ce midi par peur d’être en retard. Ce n’est finalement pas si grave, nous patientons devant une boisson chaude en bouquinant avant d’attaquer la longue descente sur Cuzco. Nous arrivons à 19h30 et retrouvons avec joie une chambre douillette dans notre hôtel favori où notre sac nous attend déjà.

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