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Villages ethniques et crevaison

Samedi 9 Decembre, Muang Sing

Nous louons des velos a l’hotel mais, malheureusement, fini les supers VTT de luxe flambant neufs et leurs 20 vitesses, nous sommes revenus a l’ordinaire des velos laotiens "made in china", bon gros velo de ville sans vitesse et tres lourd. Esperons que nous n’aurons pas a trop grimper car cela va etre plus difficile. La proprietaire de l’hotel nous conseille une promenade vers des villages ethniques situes a 8 km d’ici, en direction de la frontiere chinoise. Nous sommes un peu perplexes et meme plutot reticents face a l’exploitation touristique qui est faite des minorites ethniques vivant au Laos. Le nord du pays abrite une mosaique de peuples aux origines et aux coutumes differentes de celles de la majorite laotienne. Les agences de voyage locales proposent toutes des treks ou randonnees cyclistes a la decouverte de ces peuples, permettant de traverser leurs villages, voire meme d’y dejeuner et d’y dormir. Meme si les revenus du tourisme sont providentiels pour les habitants, souvent parmi les plus pauvres du Laos, j’ai un peu de mal a souscrire a l’idee d’aller ainsi visiter ces villages, perturber ces gens dans leur vie quotidienne et les observer comme etant "si typiques" alors que nous savons si peu de choses de leur culture. Quasiment tous les touristes que nous avons rencontres venaient ici pour visiter le plus de villages possibles, comparant les merites des differents trecks a l’authenticite des villages traverses et au nombre de peuples rencontres et je trouve cela assez caricatural. Apres tout, nous avons deja tellement a apprendre et a decouvrir de la culture laotienne avant de comprendre les nuances et l’histoire compliquee de ces differentes minorites. Mais bon, cela serait dommage de ne pas aller voir a quoi ressemblent ces fameux villages et de juger ainsi dans le vide et nous decidons donc de suivre les conseils de notre gentille logeuse.

Nous sommes contents de n’avoir que 8 kilometres a faire car les velos sont vraiment lourds et, sous le soleil deja brulant, le faux plat nous semble interminable. Nous bifurquons sur une piste en terre et laissons les velos gares pour poursuivre a pied. Nous arrivons dans un village akkha, un des peuples du nord laos, en effet a des annees lumiere de notre mode de vie europeen. Les maisons sont simplissimes, petites huttes de bois et bambou sur pilotis sous lesquelles se promenent poules et chiens. Certains hommes sont occupes a tresser des paniers en bambous, les enfants jouent par terre ou dans l’herbe. Les femmes portent les tenues traditionnelles, jupe longue, tunique et coiffe, en beaux tissus colores et brodes. Nous traversons le village sur la pointe des pieds, ayant decidement le sentiment d’etre un peu voyeurs meme si nous essayons d’etre le plus discrets possibles. Apres tout, si on inverse la perspective, je pense que, de retour en France, nous ne serions pas particulirement heureux si des etrangers venaient en nombre traverser nos cours et jardins en s’emerveillant de notre exotisme ! Nous avons croise plusieurs autres touristes sur ce petit chemin et, pour la premiere fois depuis notre arrivee au Laos, les enfants ne nous accostent plus par de joyeux bonjours mais nous reclament successivement "money" ou "pen" ou "sweets"... Nous continuons un peu notre promenade jusqu’a un second village avant de faire demi tour, decidement pas convaincus par ce genre de tourisme "ethnique".

Apres dejeuner, nous retournons chercher nos velos. A notre arrivee, deux petits garcons qui etaient accroupis pres des velos se relevent brusquement et detalent a toutes jambes avec un air coupable. Nous nous demandons ce qu’ils ont trafique, auraient ils vole quelque chose sur les velos ou etaient ils juste en train de jouer avec et ont ils eu peur de se faire gronder ? Nous faisons le tour de nos engins sans rien trouver de bizarre, apparemment rien ne manque et nous repartons. Ce n’est qu’arrives tout au bout du chemin que nous comprenons : le velo de Thibaut a un pneu a plat, les deux petits garnements doivent jouer a crever les velos des touristes ou a les degonfler. Thibaut se met en quete d’une pompe en faisant le tour des deux ou trois maisons environnantes a grands renforts de gestes et en exhibant le velo inutilisable. Helas, personne ne semble posseder l’outil magique (ou personne ne comprend ce que nous racontons !). Nous n’avons plus qu’a faire demi tour et a remonter a pied le chemin jusqu’au restaurant qui nous a accueillis a midi. Ils possedent bien la pompe providentielle mais le pneu est creve en plusieurs points et la reparation ne tiendra pas longtemps. Nous piquons donc un sprint pour le retour jusqu’a Muang Sing, Thibaut voulant arriver avant que sa roue ne soit completement a plat. Nous arrivons a l’hotel soulages, decidement ce village hyper-touristique ne nous reussit pas ! Nous decidons de retourner demain a Luang Nam Tha, un village finalemement beaucoup plus authentique et accueillant ou nous nous sentions mieux.

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