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En bateau sur le Mekong

Vendredi 22 Decembre, Pakbeng

Nous avons decide de partir aujourd’hui en direction de la frontiere thailandaise avec l’espoir secret d’etre a Chiang Mai a temps pour le reveillon du 24 Decembre. Meme si nous nous sommes faits a l’idee de ne pas vraiment feter Noel cette annee, nous prefererions etre dans une grande ville et avoir l’opportunite de nous offrir un bon repas plutot que d’etre perdus au milieu de nulle part entre les frontieres thailandaises et laotiennes. Tout cela dependra de nos moyens de transport, pour l’instant nous embarquons pour 2 jours de croisiere a remonter le Mekong, direction le nord et la frontiere. Nous avons repere les bateaux hier et avons ete un peu affoles par l’affluence : une heure avant le depart prevu du bateau, des dizaines de touristes et leurs valises se precipitaient deja pour embarquer et etre surs d’avoir un siege. Prevoyants, nous nous levons donc tot et decidons de sacrifier le petit dejeuner pour nous garantir une place. Mais quand nous arrivons a l’embarcadere, pas un chat ! Je suppose que la proximite de Noel a freine l’affluence des touristes, ceux-ci preferant rester a Luang Prabang pour les fetes. Tant mieux, cela nous permet de partir en mission commando pour assurer le ravitaillement : en plus des gateaux achetes hier, nous completons nos provisions et nos reserves d’eau au supermarche, ne sachant pas trop si le bateau marquera une pause dans un village pour le dejeuner. Thibaut file egalement chez nos marchandes de rue preferees pour nous rapporter une delicieuse baguette - Vache qui rit en guise de petit dejeuner. Cette fois, nous sommes pares et nous pouvons embarquer. Nous ne savons pas trop ce que nous allons trouver a bord : les bateaux qui naviguent sur le Mekong sont de longues barques de bois munies d’un toit et de bancs, souvent plutot rudimentaires. Mais nous sommes finalement tres agreablement surpris, notre bateau a ete adapte pour les Occidentaux fragiles que nous sommes ! Devant les rangees de sieges de bois classiques, d’anciens sieges de bus en tissu ont ete rajoutes, simplement fixes sur des planches de bois. L’installation est plutot rigolote et bric a brac, mais au moins nous sommes confortablement assis, ce qui sera surement appreciable pour les 8 heures de trajet qui nous attendent.

Le bateau se remplit petit a petit, quelques touristes et beaucoup de laotiens de tous ages. Nous passons ensuite a l’etape chargement avec les colis habituels plus des dizaines d’immenses sacs en plastique bleus qui semblent etre remplis de pain et sur lesquels nous nous interrogeons. Une heure apres, le bateau est bien plein et nous partons enfin. C’est un moyen de transport plutot agreable puisque le bruit du moteur n’est pas trop present a l’avant et que nous pouvons profiter tranquillement du paysage qui defile. Nous traversons d’abord les environs de la ville, avec un Mekong tres civilise aux berges utilisees comme jardins. Plus loin, le paysage commence a changer : de gros cailloux et des bancs de sable obstruent le cours du fleuve et des rapides bouillonnent tout autour. Notre capitaine negocie adroitement les rapides dont certains sont reellement impressionnants. Les bancs de sable s’elargissent, devenant de vraies iles qui bordent le fleuve de part et d’autre ou s’etendent en son milieu. Etrangement, nous croisons des troupeaux de vaches en train de paitre (mais quoi ?) sur ces bancs de sable, alors qu’aucun village n’apparait a nos yeux. Le bateau ne marque quasiment aucune pause a part un arret furtif de temps a autre au milieu de nulle part. Des villageois sont regroupes sur la plage, sans doute en dessous de leur village cache dans la jungle, et recuperent un colis ou un passager venu de la ville. Des enfants a moitie nus nous regardent passer avec de grands yeux, accroupis a cote de la barque ou ils jouaient. Nous avons bien fait d’emporter notre pique nique car aucune pause dejeuner ni meme un quelconque ravitaillement ne sont prevus. Dans un continent comme l’Asie ou les marchands de rue sont partout et se lancent a l’assaut des bus des qu’ils marquent une pause, cela nous etonne beaucoup.

La fin d’apres midi approche et le soleil decline sur l’horizon. Je commence a trouver le temps long apres des heures a regarder le paysage et a bouquiner (pour une fois que j’ai le temps d’ouvrir un livre !). Surtout, maintenant que le soleil s’est cache, il commence a faire froid avec le vent du bateau et j’ai hate d’arriver. Nous ralentissons en vue d’un village et je pense etre sauvee mais non. Il s’agit du village precedent, proche d’un camp d’elephants ou nous debarquons nos mysterieux sacs plastiques. Serait ce effectivement du pain qui sert a nourrir les elephants ? Le dechargement est plutot expeditif, les habitants faisant la chaine les pieds dans l’eau pour se lancer les sacs du bateau a la berge. Bizarrement, aucun sac n’est noye dans le charivari ! Tout cela nous occupe un moment et quand nous repartons enfin, le froid devient vraiment desagreable. Heureusement, nous ne sommes plus tres loin et, une heure plus tard, nous finissons par arriver a Pakbeng, notre etape du soir apres plus de 8 heures de trajet. C’est un drole de spectacle que ce minuscule village transforme en alignement de guesthouses et restaurants par l’afflux soudain de touristes attires par les croisieres sur le Mekong. Du coup, c’est le seul endroit du Laos ou nous recevons un accueil execrable dans la guesthouse que nous avons choisie. Nous devrions repartir pour en chercher une autre mais sommes trop fatigues et avons trop hate de nous poser enfin pour le faire. Dans la rue, vendeurs et restaurateurs nous helent pour tenter de nous convaincre de venir chez eux, ce qui nous fait fuir encore plus vite ! Nous finissons par trouver refuge dans un restaurant indien ou nous attendons des heures nos plats, qui ont en plus ete confondus avec ceux de la table d’a cote. Decidement, l’accroissement du tourisme ne rime pas avec un meilleur service, loin de la. Heureusement, nous repartons demain pour l’autre moitie du trajet et n’avons pas trop de temps a passer dans ce village.

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