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Gauchos dans le desert

Samedi 21 Avril, San Juan

Nous passons tranquillement notre derniere matinee a San Agustin a flaner dans les environs du village, vite rendus a la solitude du desert. Les immensites argentines commencent juste au bout de la rue principale puisque, des que l’on quitte l’animation relative du village, nous voici en plein desert, montagnes rases, cactus et epineux pour tous compagnons. Ce petit village est vraiment un endroit qui semble hors du temps, les panneaux routiers n’ont pas change depuis les annees 50 et montrent toujours une silhouette de voiture bien arrondie telles qu’elles se faisaient a l’epoque, les quelques magasins ressemblent a l’epicerie - boutique unique de nos campagnes et le terrain de football est quant a lui occupe par deux chevaux en liberte qui disputent un match a leur facon ! Il y a tellement peu de touristes que nous avons du mal a trouver un endroit ou dejeuner a midi, quasi tout etant ferme, et nous devons nous contenter de deux maigres toasts au jambon concoctes par le papi du cafe du coin qui n’a rien d’autre a la carte. A 14h, nous reprenons le meme bus qu’a l’aller, toujours aussi brinquebalant pour refaire la route en sens inverse.

La monotonie du desert s’interrompt brutalement quand nous arrivons au sanctuaire de la Difunta Correa. Cette "sainte" locale veneree dans toute l’Argentine est, selon la legende, une jeune fille qui entreprit de traverser le desert avec son bebe pour retrouver son mari soldat parti loin de chez lui. Helas, la malheureuse mourut de soif en plein desert (on comprend pourquoi quand on a vu le desert !) et c’est la que le miracle apparut : son bebe, qui tetait son sein, etait lui toujours vivant quand on retrouva le corps de la defunte maman. Depuis, camionneurs et chauffeurs de bus argentins elevent un peu partout des autels a sa gloire, ne manquant pas de s’arreter sur leur route pour y deposer... des bouteilles d’eau bien sur. Le sanctuaire principal s’eleve dans le desert que nous traversons et ou elle perit et est particulierement a l’honneur aujourd’hui puisqu’a lieu la Chevauchee de la Foi, grande fete reunissant des gauchos de tout le pays. Ces cavaliers gardiens de troupeaux des paturages argentins sont rassembles par dizaines avec femmes, enfants, chevaux et tentes, transformant le petit village desert que nous avions vu a l’aller en kermesse bon enfant grouillant de monde. Les chevaux paissent dans des enclos improvises, les enfants se poursuivent dans les rues et les parents preparent deja la parilla du soir, cette viande grillee au rendez vous des fetes argentines. Nous nous amusons de cette animation improvisee et de cet etrange culte melant legende paienne et foi catholique.

Nous arrivons en fin d’apres midi a San Juan et avons decide de repartir immediatement vers Villa Union, notre prochaine etape, n’ayant pas envie de nous eterniser en ville. Mais c’etait sans compter sur l’absence de liaison en bus entre ces deux villes, encore une fois loin des grands axes routiers du pays. Le seul bus qui se rend la bas circule tous les jours sauf le samedi, c’est bien notre chance, mais cela ne nous ennuie qu’a moitie puisque de toute maniere il arrivait a destination a 4h du matin. Nous nous demandons bien ce que l’on peut faire dans un petit village perdu a 4h du matin, quand tous les hotels et cafes sont fermes et qu’il fait glacial... Tant pis, nous nous arreterons finalement a San Juan, ce qui nous permettra de nous reposer un peu, et aviserons demain quant a la suite du programme.