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Bemos, mode d’emploi

Lundi 9 Octobre, Ubud

C’est bien sympa les excursions toutes organisees avec chauffeur prive a notre disposition mais on ne va pas non plus faire ca tous les jours, c’est cher et on prefere etre libres. C’est donc decide : aujourd’hui on se lance et on apprend a utiliser les bemos. Objectif declare : se rendre au temple de Besakih, le plus grand temple de Bali, situe au pied du volcan Agung, montagne sacree pour les Balinais. Au pire, si nous n’arrivons pas jusque la, nous nous serons toujours promene un peu ! D’apres les differentes informations que nous avons reussi a reunir, il nous faut aller de Ubud a la petite ville la plus proche, puis de cette ville a Klungkung, grande ville ou se trouve une gare routiere et ou nous pourrons tenter de prendre un bemo pour le temple, sachant qu’ils ne sont pas tres frequents. Ce periple, impressionnant sur le papier, ne fait en relaite que 30 kilometres et pourtant ce n’est pas gagne pour arriver a destination. Il faut dire que les bemos ne sont pas vraiment concus pour le transport des touristes mais pour les Balinais qui les utilisent pour se rendre d’un village a l’autre, parcourant en general de tres courtes distances jusqu’au marche ou au temple le plus proche. Le principe du bemo est de circuler sur un parcours fixe, empruntant toujours la meme route mais s’arretant a la demande, des que quelqu’un lui fait signe au bord de la route. Il n’y a donc ni horaires ni prix, on part quand le vehicule est plein et chacun paye ce qui correspond a la distance parcourue, les Balinais ayant l’habitude de calculer la bonne somme a donner. Pour les touristes par contre ce n’est pas gagne : parmi tous les bemos qui sillonnent les routes et sont tous identiques, il faut reperer celui qui va dans la direction voulue et jusqu’a notre destination et s’appreter a negocier le prix, les chauffeurs profitant de l’ignorance des touristes pour leur faire payer le trajet beaucoup trop cher, jusqu’a 5 ou 10 fois sa valeur... auquel cas il est finalement plus simple de prendre un taxi ! Mais peu importe, cette fois nous sommes motives et nous ne nous laisserons pas decourages.

Nous partons de bonne heure, direction la rue principale, et arretons un bemo deja charge qui semble pret a partir, ce qui nous evitera une trop longue attente. Nous negocions un peu le prix pour la forme et nous entassons a l’interieur. Dans un bemo, les sieges du minibus original ont ete enleves et remplaces par deux grandes banquettes dans le sens de la longueur, une de chaque cote. Le but est d’y entasser le plus de monde possible en y ajoutant, si besoin, des tabourets d’appoint au milieu. Le bemo est deja bien rempli, principalement de femmes qui semblent rentrer du marche et transportent de grands paniers de legumes, des bottes de feuillage et des recipients en plastique. Nous nous casons tant bien que mal au milieu de tout ca et, apres avoir fait rentrer encore une ou deux personnes, nous partons enfin. Nous roulons (pas bien vite) toutes portes ouvertes afin de pouvoir facilement charger ou decharger des passagers, ce qui ne manque pas d’arriver a chaque coin de rue. Le tout n’est pas tres efficace mais distrayant et les Balinais nous jettent des regards amuses en nous voyant partager leur mode de transport. Arrives sans encombre a notre premiere etape, nous nous postons au bord de la route et arretons un nouveau bemo jusqu’a la ville suivante. La, attention, nous arrivons dans une gare routiere en bonne et due forme... ce qui veut dire qu’une armee de rabatteurs, chauffeurs,, taxis nous saute dessus avant meme que nous ne soyons sortis de notre bemo pour essayer de deviner notre destination en nous criant les noms de tous les endroits touristiques de Bali. Nous reperons le bemo qui nous interesse mais malheureusement il est vide et pas grand monde ne semble desireux de se rendre au temple de Besakih maintenant. Le chauffeur nous propose de "charteriser" le bemo, autre coutume balinaise consistant a se reserver l’usage d’un bemo pour aller directement a la destination choisie sans devoir attendre d’autres passagers. Comme le prix demande est raisonnable, nous acceptions et le chauffeur insiste alors pour nous attendre et nous ramener moyennant quelques roupies de plus. Apparemment, il se moque completement de devoir nous attendre 2 ou 3 heures pendant que nous visitons, du moment qu’il est sur de gagner de l’argent pour le retour. Les gens sont si mal payes ici que leur temps semble ne rien valoir, mieux vaut attendre en etant sur d’avoir des passagers. Le chauffeur nous expliquera ensuite qu’il est a la gare routiere depuis tres tot ce matin et n’a encore eu aucun passager ! D’apres lui, depuis les attentats de 2002 et 2005, les touristes sont beuacoup moins nombreux a Bali et les chauffeurs de bemos (entre autres) ont du mal a gagner leur vie.


Apres une belle grimpette sur les flancs du Mont Agung qui nous offre une vue superbe sur les rizieres en contrebas et jusqu’a la mer, nous arrivons a Besakih. Construit directement sur les flancs du volcan et s’etageant sur ses pentes, ce temple est le plus grand et le plus sacre de Bali. Il est compose de nombreux petits temples reunis cote a cote et on y accede par un majestueux escalier central ou nous voyons de nombreux Balinais en soctume de fete, beau sarong, tunique et petit calot sur la tete pour les hommes. Les temples sont surmontes de merus, toits superposes en paille, dont le nombre indique la caste a laquelle est reservee le temple. Ainsi, les plus hautes pagodes possedent 11 merus et sont reservees aux Brahmanes, la caste la plus noble, tandis que les temples plus ordinaires n’ont que 3 ou 5 toits. Tous ces merus alignes sous le ciel bleu au milieu des bannieres qui flottent et sous le cone parfait du volcan, en partie cache par les nuages, forment un spectacle magnifique et impressionnant. Apres en avoir bien profite, nous retrouvons notre chauffeur qui nous attend patiemment (et que nous n’avions pas encore paye... ici le marchandage est rude mais une fois un accord trouve la confiance regne !).

Nous redescendons et le chauffeur en profite pour charger deux vieux brocanteurs qui trimballent sur leur dos un incroyable bric a brac, recupere, je suppose, dans les villages voisins. Nous nous amusons bien des manoeuvres compliquees pour faire rentrer tout ce fatras plus trois personnes a l’arriere du bemo. Le chauffeur m’a galamment indique de m’installer sur la place passager tandis que Thibaut cohabite avec les 2 vieux bonhommes, leurs paniers en osier et autres velos rouilles ! Arrives a destination, nous nous octroyons une pause dejeuner et visite d’un ancien palais royal, avant de reprendre notre litanie de correspondances en sens inverse. La journee a ete bien remplie pour des distances pourtant courtes mais nous sommes bien contents d’avoir vu d’un peu plus pres la vie des villageois balinais.