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Souvenirs

7 novembre 2006, Pekin

Nous allons visiter le palais d’ete, un immense parc a l’exterieur de la ville, avec un peu d’apprehension apres la cite interdite balayee par le vent glace d’hier. J’ai perdu l’usage de mes cordes vocales ce matin, surement a cause du froid et de la pollution auxquels je n’etais pas prepare apres deux mois au sud. Comme on parle ici par gestes, ce n’est pas vraiment handicapant, juste dommage pour Laure qui va etre privee de mes commentaires pertinents.

Il faut une heure pour atteindre le palais d’ete en bus urbain, c’est assez logique puisqu’il s’agissait d’une residence secondaire pour les habitues de la cite interdite, il fallait bien qu’ils voyagent un peu pour aller y passer leurs vacances. Le trajet offre un bon apercu de la ville, constituee de larges avenues perpendiculaires et de grands immeubles modernes tres propres.Je suppose que nettoyer et repeindre les immeubles fournit un travail a suffisamment de chinois, chacun ici accomplissant une tache simple et peu consommatrice d’energie qui doit etre comptabilisee comme un travail, donc un emploi. Chaque bus compte au moins un conducteur et un ou deux receveurs, et hier soir je denombrai six employes parmi les dix passagers du bus.

Ces quartiers d’immeubles modernes restent tres vivants avec de nombreux petits commerces et du monde dans les rues. Parfois un des quartiers est en demolition ou plutot en reconstruction. Meme si les hutongs sont pittoresques avec leurs maisonnettes grises et leurs cours encombrees, je comprends qu’une capitale entreprennent de les remplacer par des immeubles fonctionnels.

Le vent froid est rentre dans sa steppe, il fait bon et le parc est magnifque avec les feuillages d’automne eclaires par le soleil rasant. Le tout forme un decor tres photogenique, trop meme puisque les chinois s’y livrent a leur activite preferee : la photo souvenir. Il n’y a pas moyen d’admirer un angle du paysage sans qu’un chinois, une chinoise ou un couple de chinois s’y placent en souriant et en comptant jusqu’a trois pour immortaliser leur passage. Souvent ils se livrent a des pitreries pour egayer la carte postale, ce qui les differencie des japonais toujours impeccablement serieux. Deux jeunes en costume gris profitent de ce que nous prenons un gouter dans un endroit photogenique pour se prendre en photo a cote de nous. Voudront-ils pretendre connaitre des amis occidentaux ou sommes-nous tellement amusants avec nos vestes d’hiver et nos lunettes de soleil ?

Le palais et son parc sont au bord d’un immense lac sur lequel glisse un bateau en forme de dragon, bien vu dans le decor general. Une colline amenagee sur les rives du lac supporte d’imposants palais et un temple construit sur un mur de pierre vertigineux, ce qui rend humble quand on emprunte l’escalier qui gravit le mur. Le temple abrite une statue ancienne avec mille bras et presque autant de tetes. Le long du lac au pied de la colline, en plus d’un chemin ombrage de cypres qui doit etre particulierement agreable en ete (en ce mois de novembre on se fiche un peu de l’ombre des cypres), une galerie couverte et recouverte de fresques permet de se promener a l’abri du soleil, de la pluie, des pollens ou de n’importe quel element naturel qui aurait deplu a l’imperatrice. Des petites fenetres, toutes avec une forme differente et les vitres ornees de motifs floraux, transforment la vue sur le lac en tableaux encadres. Souvent la tete d’une chinoise prete a etre prise en photo par son mari surgit dans le tableau.

L’endroit le plus insolite est cache de l’autre cote de la colline, au creux d’un vallon : une rue reconstituee avec ses commerces typiques au bord d’un canal. Se promener sur le quai decoupe en zig-zag avec les portes des boutiques qui s’ouvrent sur une vendeuse qui invite a regarder ses souvenirs ou a faire calligraphier son prenom, est bien amusant. Ce decor de theatre reconstitue pour le plaisir de l’imperatrice et maintenant celui des visiteurs est insere dans un ecran de feuillages qui donne l’impression de se promener dans un diorama.

Le retour en bus jusqu’au centre ville nous occupe deux heures dans les embouteillages. J’ignore si nous sommes particulierement a l’heure de pointe ou si les avenues etaient auparavant videes de leurs voitures par les restrictions de circulation du sommet Chine-Afrique, mais ce soir Pekin ressemble a une metropole capitaliste encombree.

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