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Les yeux du volcan
Jeudi 29 Mars, Hanga Roa
Nous avons hate de partir a la decouverte des sites principaux de l’ile et entamons donc ce matin une promenade a pied jusqu’au cratere du Rano Kau. Nous n’avons pas envie de visiter l’ile en groupe avec un guide, decouvrir les sites avec une foule d’autres touristes nuit a leur magie. Comme les locations de voitures coutent cher, nous avons donc decide de faire le maximum de balades a pied et de ne louer une voiture que pour les derniers jours, afin de decouvrir les endroits les plus eloignes. En attendant, nous traversons le village en direction du port deja apercu hier et maintenant debarrasse de sa foule de croisieristes, pour emprunter la piste de terre qui grimpe vers le Rano Kau. Ce dernier est un des trois volcans de l’ile, repartis equitablement puisqu’ils ponctuent chaque pointe du triangle que constitue l’ile de Paques. La montee est plutot facile puisque nous empruntons une piste ou passent les voitures mais la chaleur et l’absence d’ombre rendent le chemin plus ardu. A part un court trajet sous des arbres bienvenus, nous traversons la lande pelee, seulement plantee de petits buissons et d’arbustes ras. Il est difficile d’imaginer que, comme le supposent les chercheurs, l’ile etait autrefois recouverte d’une vegetation luxuriante dont de nombreux arbres et que la surexploitation des ressources naturelles serait a l’origine de la desolation actuelle.
Apres une belle grimpette, nous arrivons sur une sorte de plateau en pente douce et ne savons plus trop ou aller. Nous n’avons pas achete de carte de l’ile, puisqu’elles sont parait-il toutes inexactes, et nous contentons d’un vague plan peu precis. Nous sommes un peu perplexes car un cratere de volcan devrait normalement se reperer facilement et pourtant dans ce paysage uniforme nous n’avons aucune idee de la direction. Doubles par un minibus de touristes, nous continuons la route principale en supposant qu’ils vont au meme endroit que nous. Un peu plus loin, nous remarquons une sorte de sentier trace dans l’herbe sur notre gauche et decidons de tenter notre chance. Nous grimpons un peu et restons bouche bee devant le spectacle qui s’offre a nous. Nous nous trouvons sur le bord du cratere du Rano Kau, immense cercle aux pentes raides dont le fond abrite de petits lacs. En arriere plan, le bleu profond de l’ocean perce par une breche dans le cercle parfait du cratere. Le point de vue est vertigineux et le spectacle plutot irreel. L’eau s’est accumulee au fond du cratere, formant un ensemble de minuscules lacs, de formes et de couleurs differentes, bleu fonce, presque noir, marron ou verdatre selon le soleil, le tout entrecoupe de roseaux. La legende locale veut que ces lacs soient les yeux du volcan et que ces yeux s’ouvrent et se ferment au fil du temps, de nouveaux lacs se creant tandis que d’autres disparaissent. Plus prosaiquement, cet endroit servait de reserve d’eau douce pour les habitants du village et, autrefois, ceux-ci venaient ici tous les jours avec des seaux s’approvisionner en eau dans le cratere. Vu la grimpette que cela represente (et encore nous n’avons pas tente la descente dans le cratere), nous avons une idee de la vie difficile qui devait etre la leur ! Nous ne pouvons nous detacher de ce paysage extraordinaire qui nous recompense largement pour les efforts fournis et longeons une partie du cratere. Plus loin, nous retrouvons la piste (et le troupeau de touristes sorti de son minibus) et poursuivons la promenade jusqu’a Orongo, lieu ou se trouvent les vestiges d’un ancien sanctuaire. A cet endroit, la falaise plonge directement dans l’ocean et on suppose que c’etait ici qu’avait lieu le culte de l’homme oiseau, ceremonie qui voyait s’affronter des jeunes hommes pour etre le premier a aller chercher sur un ilot au large un oeuf d’oiseau avant de le rapporter a la nage et de grimper la falaise. Comme il est deja tard et que, betement, nous n’avons pas emporte de pique nique, nous preferons faire demi tour, nous reviendrons visiter une autre fois. Nous contemplons une derniere fois le magnifique volcan avant d’entamer la descente.
Vue d’ici, l’ile parait toute petite et le village encore plus minuscule avec ses petites maisonnettes blotties le long de la mer. L’immense piste de l’aeroport traverse l’ile de part en part et parait disproportionnee, il faut dire qu’elle a ete concue pour accueillir la navette spatiale en cas d’atterrissage d’urgence ! Pousses par la faim et l’envie de se mettre a l’ombre, nous descendons d’un bon pas mais au bout d’un moment le chemin nous parait encore plus long qu’a l’aller. Il faut dire que le soleil tape et que la chaleur devient difficile a supporter. Arrivee aux premieres maisons du village, je n’en peux plus et compte les pas jusqu’a la rue principale ou, epuises, nous nous ecroulons a la terrasse d’un cafe. Enfin de l’ombre et un bon jus de fruits rafraichissant, ouf, voila qui fait du bien. Apres cette bonne marche, l’apres midi sera consacre au repos bien au frais dans la chambre avant une courte balade dans le village et sur le port le soir. Quel plaisir de disposer de beaucoup de temps pour decouvrir a notre rythme et en prenant notre temps cette ile si mysterieuse !
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