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A l’ombre des frangipaniers

Mercredi 10 Janvier, Champassak

Nous avons maintenant adopte le rythme et les moyens de transport laos : leves tot pour eviter la chaleur, nous louons des velos a l’hotel et partons en direction du Wat Phu Champassak, le celebre temple situe a quelques kilometres du village. Faire du velo est ici bien agreable car les routes sont assez plates, avec peu de voitures, et cela nous permet de profiter de la vie des villages que nous traversons. Les enfants nous saluent, les vendeurs nous jettent un oeil depuis leur boutique et nous contemplons amuses l’animation qui regne deja tot le matin. Nous avons le temple quasi pour nous tous seuls en arrivant et profitons ainsi sereinement du site avant l’arrivee prevue des touristes.

Le Wat Phu est un grand complexe religieux edifie par les Khmers a l’epoque ou le Laos faisait partie de leur royaume. Ils furent attires par la forme pointue de la montagne situee au dessus du site rappelant un symbole religieux. Les monuments qu’ils edifierent sont aujourd’hui partiellement ruines mais l’endroit reste extremement sacre pour les bouddhistes laos qui apportent regulierement des offrandes et viennent se recueillir devant les statues. L’entree du site ne paye pas de mine puisqu’il ne reste qu’une grande plaine ou on distingue deux etangs partiellement a sec et ou les batiments qui les bordaient ont disparu. Il faut beaucoup d’imagination pour deviner qu’il s’agissait autrefois d’une esplanade sacree et impressionnante pour les visiteurs. Heureusement, un peu plus loin, nous rejoignons deux pavillons encore debout de part et d’autre du chemin. On distingue encore les sculptures enchevetrees qui ornaient portes et linteaux mais le plus impressionnant est leur aspect branlant. Au fil des annees, les pierres ont bouge, portes et fenetres se sont affaissees en prenant des angles bizarres, certains pans de murs sont si penches qu’ils semblent prets a s’ecrouler et des plantes poussent de ci de la. Cela me fait prendre conscience de l’anciennete de ces monuments et du miracle qui fait qu’ils sont encore debout (ou de la science de la construction khmere qui a resiste aux siecles !).

Le temple est construit sur trois niveaux successifs qui epousent les pentes de la montagne, symbole du passage de l’humain au sacre. Apres la plaine initiale et les pavillons, il nous faut maintenant grimper pour acceder au niveau le plus eleve ou se trouvait le temple principal, alimente en eau par une source sacree jaillissant de la montagne. La montee se fait par plusieurs volees d’escaliers plutot raides et meme vertigineux par endroits, qui sont d’epoque. On distingue encore les nagas et autres symboles religieux graves sur les marches de pierre. L’escalier est protege du soleil par des rangs serres de frangipaniers, l’arbre symbole du Laos. Non, ce n’est pas l’arbre dont le fruit permet de confectionner les tartes a la frangipane (!) mais un joli arbuste au tronc noueux et aux belles fleurs blanches arrondies. L’escalier est ponctue de quelques statues sacrees dont celle d’un roi protege du soleil par une jolie ombrelle orange. Au sommet, nous visitons ce qui reste du temple principal avec la aussi quelques bas reliefs preserves et la source sacree autrefois canalisee jusqu’au temple. Un monastere s’est installe dans ce lieu sacre et plusieurs moines sont occupes a tailler les arbres et entretenir les environs, mettant une joyeuse animation dans ces vieilles pierres. La vue sur l’immense plaine bordant le Mekong et sur les ruines en dessous est superbe. Nous cherchons a travers les rochers une pierre un peu particuliere appelee "le crocodile". En effet, une silhouette de crocodile est creusee en relief dans la pierre. On s’interroge sur ce symbole et certains se demandent s’il ne servait pas aux sacrifices humains dont les victimes auraient ete placees dans la bouche du crocodile. Nous redescendons tranquillement et terminons la visite par le petit musee flambant neuf ouvert grace aux fonds de l’UNESCO. Le temple de Champassak a en effet ete classe Patrimoine Mondial de l’Humanite il y a quelques annees, ce qui lui a permis de recevoir des fonds pour la restauration et la preservation. Nous sommes un peu surpris de ce choix car il y aurait tellement d’autres temples peut etre plus spectaculaires a preserver au Laos mais apres tout, tant mieux pour Champassak, tres joli ensemble ainsi sauve de la ruine. Malgre ces credits supplementaires, le musee semble manquer de moyens, des statues en cours d’identification sont posees dans un coin et un chercheur muni d’un simple bout de papier et crayon plus un dictionnaire d’anglais s’emploie a les lister tant bien que mal. Quant a la boutique vendant l’artisanat local et qui aurait pu aider a financer le musee, elle me parait mal partie. Alors que je voulais acheter un bracelet, il s’avere que la vendeuse n’a pas les cles de la vitrine fermee qui le contient et que personne apparemment ne peut l’aider (ou alors personne n’a envie de se fatiguer a aller chercher les cles qui sont rangees ailleurs !). Malgre les fonds occidentaux, ce n’et pas si simple de changer les mentalites et la maniere de faire locales ! Une fois de plus, il ne me reste plus qu’a souhaiter que le Laos reussisse a preserver tous ces tresors qui sont les siens.

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