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Le clou du spectacle

Mardi 15 Mai, Arica

Nous reprenons la route pour ce qui est deja notre derniere journee au parc Lauca, snif, nous n’avons pas du tout envie de redescendre a Arica apres ces paysages grandioses. Heureusement, nous decouvrons vite que nous avons garde le meilleur pour la fin : aujourd’hui nous montons au Lac Chungara a 4500 metres d’altitude et les paysages vont s’averer encore plus beaux que d’habitude. Notre premier arret est pour les bofedales, ces etranges plaines marecageuses humides d’altitude qui contrastent avec les etendues desolees et rocailleuses dont l’altiplano est d’habitude coutumier. Ici de clairs ruisseaux se glissent entre des touffes d’herbe bien grasse et bien verte, une veritable aubaine pour la faune locale. Notre guide nous abandonne pour une petite promenade a la decouverte de quelques uns de ses specimens : les vigognes que nous commencons a bien connaitre mais que nous trouvons toujours aussi gracieuses, les viscachas, ces sortes de lapins mutants a longue queue, et enfin les lauchons, petites souris facetieuses. Nous sommes seuls sur le petit sentier amenage pour les touristes et profitons pleinement du calme et de la serenite environnants. Nous guettons les viscachas, esperant pouvoir en croiser un, quand soudain nous distinguons une forme brunatre sur le sentier au loin. Nous nous approchons precautionneusement non sans mitrailler cote photos, admirant cette drole de bete. Vu de l’avant ca ressemble a un lapin mais l’animal possede aussi une longue queue, grimpe aux rochers et se tient debout pour guetter telle une marmotte ! Nous nous apercevons vite que les environs grouillent en fait de viscachas, pas vraiment pertubes par notre presence si nous n’approchons pas trop pres, dire que nous nous inquietions de risquer de ne pas en voir. Certains font tranquillement la sieste au soleil tandis que d’autres nous montrent leurs capacite a la course quand nous les derangeons un peu trop : particulierement agile, le viscacha file comme l’eclair se cacher dans les rochers ou grimper sur la paroi rocheuse la plus proche. Comme en plus nous sommes handicapes par l’altitude qui nous oblige a des mouvements mesures, autant dire que nous ne faisons pas le poids dans la course au safari photo. Nous sommes enchantes par cette promenade et prenons tout notre temps, fascines par le contraste entre le bleu du ciel et le vert vif de l’herbe et par la vision des deux volcans jumeaux au loin dont les sommets culminent quand meme a pres de 6300 metres. C’est finalement un groupe de touristes braillards arrivant derriere nous (aucune chance de voir le moindre animal avec eux) qui nous contraint a accelerer le pas pour rejoindre le 4x4. Avant cela, nous avons la chance de pouvoir approcher de tres pres un troupeau de vigognes, ces animaux ayant generalement une facheuse tendance a filer des qu’ils nous apercoivent. Cette fois, les deux males dominants sont bien trop occupes a se menacer du regard et des sabots, sans doute pour savoir qui emportera la plus belle femelle, pour faire reellement attention a notre presence. C’est l’occasion unique d’admirer ce cousin du lama tellement plus fin et elegant et dont le poil semble si doux.

Un peu plus loin, nous arrivons a un autre de ces magiques petits villages de l’altiplano, celui de Parinacota du nom du volcan voisin. Les troupeaux d’alpagas, ressource principale du village, paissent en nombre dans les champs voisins, toujours aussi humides. Leur poil est bien touffu, dans des couleurs qui vont du blanc au noir en passant par toutes les nuances de brun (cela me rappelle les pulls que je me suis achetes) et leurs oreilles decorees d’une "fleur", petits brins de coton de couleur vive tresses, souvent aux couleurs de leur proprietaire. Selon la legende, cette coutume vient du fait que les premiers alpagas et lamas devorerent toutes les fleurs des champs environnants. Pour rendre ses couleurs a la nature, leurs proprietaires deciderent alors de fleurir les lamas de cette decoration a l’oreille, egayant ainsi les champs ou ils paissent. L’eglise du village est reputee pour ses magnifiques fresques interieures mais malheuresement une bete gueguerre entre familles rivales nous empeche de les voir. Apparemment, deux familles se disputent les cles de l’eglise et de son tresor, refusant ainsi de les preter a quelqu’un d’autre si les uns doivent s’absenter... et bien sur, aujourd’hui comme souvent, le responsable n’est pas la. Tant pis, nous nous contenterons de l’exterieur deja magnifique avec ses jolies arches blanches surmontes de sortes de diablotins ou divinites paiennes qui ont des allures bien peu chretiennes.

Nous arrivons en fin de matinee au Lac Chungara et battons ainsi notre record d’altitude : 4500 metres au compteur et pas plus de symptomes, a part l’essouflement. Le paysage est de toute beaute et nous coupe une fois de plus le souffle, au sens propre comme au figure. Difficile de rendre tout cela par des mots mais essayez d’imaginer un lac d’un bleu profond, peuple de canards et d’ibis qui nagent paisiblement sur ses eaux limpides, le tout entoure de prairies bien vertes ou paissent les vigognes avec en arriere plan les silhouettes des volcans enneiges. Decidement, le Chili continue a nous ravir de ses merveilles, parmi les plus beaux paysages que nous ayons vus jusqu’ici. Nous sommes une fois de plus tous seuls pour nous balader dans ce decor extraordinaire, ce qui ajoute a notre plaisir. Notre guide nous a laisse le choix entre une petite promenade ou la route en voiture jusqu’au refuge et nous avons bien sur saute sur l’occasion de profiter un peu plus longtemps de ces paysages. Les photos vont une fois de plus bon train, ma carte memoire est quasi pleine et la batterie de l’appareil fait des siennes en se dechargeant a toute vitesse, grr. Apres un bon pique nique dans l’unique refuge servant au gardien du parc, Carlos nous accorde un peu de temps libre pour de dernieres flaneries dans cet endroit enchanteur.

Nous entamons la longue descente jusqu’a Arica, 4500 metres plus bas tout de meme et, une fois arrives, disons au revoir a Carlos avec un petit pincement au coeur apres les trois jours merveilleux que nous venons de vivre. Nous n’avons pas le temps de nous reposer pour savourer ces souvenirs tous frais puisqu’il nous faut filer en ville avant la fermeture des magasins. Nous avons decide de partir pour le Perou tot demain matin et devons avant cela recuperer nos billets d’avion dont nous avons fait modifier les dates a l’agence de voyage locale. Tout est pret, enterinant le changement d’itineraire qui nous verra revenir une derniere fois au Chili pour prendre un avion pour La Paz et sacrifier quelques jours au Bresil pour, on l’espere, un peu de ski en Argentine. Notre deuxieme mission est l’envoi d’un colis mais malheureusement le passage en douane est obligatoire dans cette ville frontiere et les fonctionnaires sont deja partis. Tant pis, il nous faudra continuer a transporter nos achats et bagages superflus jusqu’a notre retour au Chili, dans environ 3 semaines. La mauvaise surprise du soir est la decouverte d’un PDA ayant perdu tous ses fichiers, la carte memoire s’est entierement videe sans que je puisse rien faire pour les recuperer. Je me bats avec l’ordinateur pour sauver ce qui peut l’etre, d’autant que c’est la dessus que nous notons tout notre budget, notre planning prevu et autres informations bien utiles, mais en vain. Grmf, me voila fachee avec les appareils electroniques, que de temps perdu avec tous ces gadgets imprevisibles et quelle bataille pour arriver a gerer photos et site internet.

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